Avant de prêter serment au Barreau des Hauts-de-Seine en 2015, j'ai traversé les grands carrefours du droit international, du savoir académique et de la diplomatie juridique. De la Cour pénale internationale à La Haye, où j'ai contribué à la formalisation du droit pénal supranational, à l'Université de Caen où j'ai affÃ"té mes armes comme attaché d'enseignement et de recherche, en passant par les amphithéâtres de Lyon III et les négociations normatives de l'Organisation mondiale du commerce à Genève, mon itinéraire s'est construit dans la tension féconde entre droit, pouvoir et justice.
À l'issue de ces expériences - entre théorie et terrain, entre codes et conflits, j'ai choisi d'embrasser une carrière de consultant international, mobilisant le droit comme outil de dialogue transcontinental. Puis, en 2015, je choisis le serment : celui de l'avocat, dépositaire d'une parole qui défend, interroge, et parfois résiste.
Contexte intellectuel et ancrage philosophique
Quelques mois avant ce virage, le 14 février 2013, s'éteignait Ronald Dworkin, philosophe du droit, avocat, théoricien du "roman à la chaîne", pour qui le droit n'est pas simple technique mais expression narrative de la morale publique. Son ouvrage Taking Rights Seriously reste à mes yeux une boussole : non pas un plaidoyer abstrait, mais une méthode pour prendre au sérieux les droits â€" dans les prétoires, les constitutions, les décisions ordinaires de justice.
Deux semaines plus tard, le 26 février 2013, le Sénat français adoptait une proposition de loi élargissant la compétence du juge national pour les crimes les plus graves - génocide, crimes contre l'humanité, crimes de guerre. Ce texte, dans sa portée comme dans son esprit, reprenait une idée forte de Dworkin : le juge comme acteur mondial de la dignité humaine. L'inspiration venait aussi de Robert Badinter, figure tutélaire du droit humaniste français.
C'est dans ce moment de bascule - à la croisée du droit et de l'histoire, de Kigali à Genève, de La Haye à Paris - que j'ai décidé de rejoindre l'École de formation du Barreau de Paris. Hasard ou destin, Robert Badinter fut désigné parrain de notre promotion. Ce geste symbolique liait la mémoire à l'avenir, la rigueur à l'espoir