En voici un résumé :
L'article retrace l'histoire du test de Rorschach, né au début du XXe siècle d'une intuition plus artistique que scientifique. Dès l'origine, les limites du test sont claires : manque de rigueur, influence de l'interprète, absence de standardisation. Pire encore, les analyses sont souvent fondées sur des symboliques freudiennes très personnelles, non validées scientifiquement.
Des études modernes montrent que deux experts peuvent analyser un même protocole et donner des diagnostics radicalement différents. Des cas d'erreurs manifestes sont documentés, jusqu'à l'affaire d'Outreau. Il en résulte que ce test pathologise à outrance, manque de fidélité, de validité, et n'a aucune utilité clinique réelle dans le cadre judiciaire. L'APA (The American Psychological Association) recommande désormais d'en exclure l'enseignement dans les universités. Précisions tout de même que l'APA est la principale organisation professionnelle de psychologues aux États-Unis et la plus grande association de psychologie au monde !
Le changement c'est maintenant ?
Pourtant ce test continue d'être utilisé quasi-systématiquement dans les expertises judiciaires en France. Pas pour évaluer l'imaginaire d'un poète mais pour apprécier la personnalité d'un accusé, d'un témoin, d'une victime et donc pour peser sur la culpabilité, sur la peine, sur le sort judiciaire d'un être humain. Ce qui me sidère ?On parle ici d'un outil sans fondement scientifique solide, mais utilisé dans des procès d'assises, dans des dossiers de viols, de meurtres, de violences, etc. Ce n'est plus un problème méthodologique, c'est une faute professionnelle.
Heureusement, j'ai le sentiment qu'une prise de conscience est en train d'émerger. Le Rorschach est de plus en plus contesté devant les juridictions.
Certains juges commencent à lever un sourcil devant ces pseudo-analyses. Gageons que cette contestation se propage. Qu'on cesse enfin d'habiller la poésie en science et que les experts qui tiennent encore à leurs planches à taches les accrochent dans leur salon ... ou dans un musée.
Pour aller plus loin :
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Article critique complet : Jacques Van Rillaer, Science et pseudo-sciences, 2018