Chère Madame,
Bonjour Madame,
Je comprends votre démarche de protection et d'anticipation, tout à fait louable et nécessaire dans l'intérêt supérieur de votre fils, surtout dans ce contexte complexe de séparation et de désinvestissement paternel. Vous avez raison de vouloir sécuriser le lien de votre enfant avec sa famille maternelle.
Vous avez bien fait de prendre une avocate pour l'audience à venir, car elle sera votre meilleure alliée pour défendre l'intérêt de votre fils et vos droits.
Encadrer vos volontés en cas de décès ou d'incapacité : Le mandat de protection future
C'est exactement le dispositif juridique que vous recherchez !
Le mandat de protection future est l'outil principal qui vous permet d'organiser à l'avance votre protection et/ou celle de votre enfant (ou d'une autre personne) en cas de dégradation future de votre état de santé ou de vos facultés mentales, vous empêchant d'exprimer votre volonté.
Fonctionnement pour l'enfant :
Vous pouvez désigner une ou plusieurs personnes (par exemple, vos parents ou d'autres membres de votre famille maternelle) pour vous représenter et s'occuper de votre fils et de la gestion de ses biens, si vous deveniez incapable de le faire.
Vous pouvez y inclure des directives précises concernant :
L'éducation de votre enfant : Valeurs, choix éducatifs, scolarité, activités.
Son cadre de vie : Où il devrait vivre, qui devrait s'en occuper.
Le maintien des liens familiaux : C'est ici que vous pourrez exprimer clairement votre volonté que votre fils continue à voir ses grands-parents maternels, vos frères et sœurs, etc.
La gestion de ses biens : Si votre fils héritait de vous.
Le mandataire désigné devra respecter vos volontés et agir dans l'intérêt supérieur de l'enfant.
Validité en présence du père :
C'est le point délicat. Le mandat de protection future pour un enfant prend effet si le ou les parents qui l'ont rédigé deviennent incapables d'exercer l'autorité parentale.
Si le père exerce l'autorité parentale : En principe, le père restera le seul titulaire de l'autorité parentale si vous veniez à décéder. Votre mandat ne pourra pas lui retirer cette autorité, mais il constituera un document extrêmement important pour le juge des tutelles.
Rôle du juge des tutelles : En cas de votre décès ou d'incapacité, le juge des tutelles sera saisi. Il prendra en compte votre mandat comme une expression forte de vos volontés et de l'intérêt de votre enfant. Si le père est jugé défaillant ou que le maintien des liens avec la famille maternelle est manifestement dans l'intérêt de l'enfant, le juge pourra :
Organiser un droit de visite et d'hébergement pour vos parents (grands-parents de l'enfant).
Envisager une délégation partielle ou totale de l'autorité parentale au profit de vos parents, si la carence du père est avérée et que vos parents offrent de meilleures garanties pour l'intérêt de l'enfant.
Désigner vos parents comme tuteurs si le père est dans l'incapacité d'exercer l'autorité parentale ou s'il en est déchu.
Acte notarié : Est-il recommandé ?
Oui, absolument ! Le mandat de protection future peut être établi :
Sous seing privé : Rédigé par vous seule, mais doit être daté et signé et faire l'objet d'un enregistrement pour lui donner date certaine.
Par acte authentique devant notaire : C'est fortement recommandé pour les mandats de protection future qui concernent la protection d'un enfant (mandat de protection future pour autrui).
Avantages de l'acte notarié :
Validité incontestable : Le notaire s'assure de votre consentement éclairé et de la légalité du contenu.
Force probante : Il a une valeur juridique supérieure et est difficilement contestable sur sa forme.
Conservation : Le notaire le conserve, ce qui garantit sa disponibilité le moment venu.
Conseil juridique : Le notaire pourra vous conseiller précisément sur la rédaction la plus efficace pour vos volontés.
Appuyer la demande sur des preuves du manque d'investissement du père
Oui, absolument, et c'est même essentiel !
Les éléments que vous avez sont primordiaux pour étayer votre démarche et défendre l'intérêt de votre fils face à un père peu investi.
Témoignages et attestations de professionnels : Précisez-en le contenu (absence aux visites, retards, désintérêt).
Votre propre journal de bord : Notez précisément les dates, heures des visites manquées, les retards, les communications avec le père, son désintérêt (ex: appels manqués, messages non répondus, absence de questions sur l'enfant).
Preuves de pressions/harcèlement : Ces éléments sont cruciaux pour démontrer un environnement potentiellement toxique et une incapacité du père à placer l'intérêt de l'enfant au-dessus de considérations personnelles ou d'image.
Ces preuves serviront à convaincre le juge des tutelles (si votre mandat doit être activé) ou le Juge aux Affaires Familiales (JAF) que vos volontés sont fondées sur l'intérêt de l'enfant et sur le comportement réel du père.
Vos parents : droit de visite et forme de tutelle d'urgence
Droit de visite des grands-parents :
Oui, les grands-parents ont un droit de visite et d'hébergement sur leurs petits-enfants. L'article 371-4 du Code civil stipule que "L'enfant a le droit d'entretenir des relations personnelles avec ses ascendants. Seul l'intérêt de l'enfant peut faire obstacle à l'exercice de ce droit."
En cas de votre décès ou d'incapacité, si le père refusait ce droit à vos parents, ils pourraient saisir le JAF pour faire valoir leur droit. Vos volontés exprimées dans le mandat et les preuves du désengagement du père seraient des arguments très forts pour eux.
Forme de tutelle d'urgence :
En cas de votre décès ou d'incapacité, si le père est défaillant ou incapable d'exercer l'autorité parentale, le juge des tutelles peut ouvrir une tutelle. Vos parents, s'ils ont été désignés dans votre mandat ou s'ils se proposent, seraient des candidats privilégiés pour être nommés tuteurs.
Dans des situations extrêmes où l'enfant est en danger immédiat (carence parentale grave), une mesure d'assistance éducative peut être ordonnée par le juge des enfants, mais ce n'est pas une "tutelle d'urgence" à proprement parler et relève d'un autre régime.
Procédure à entamer dès maintenant
Pour garantir cette continuité familiale et la sécurité affective de votre enfant, voici les démarches à engager sans tarder :
Mandat de protection future pour autrui (votre fils) :
Contactez un notaire. Expliquez-lui votre situation et votre volonté de rédiger un mandat de protection future pour votre fils. C'est la démarche la plus directe et la plus sûre pour exprimer vos volontés concernant sa protection et son éducation.
Préparez votre dossier de preuves :
Rassemblez méthodiquement toutes les preuves du désengagement du père et du harcèlement : dates, faits précis, copies de messages, attestations de professionnels, témoignages. Classez-les chronologiquement. Ce dossier sera utile pour le notaire et surtout pour l'avocate que vous avez déjà prise.
Discutez-en avec votre avocate :
Informez-la de votre démarche de mandat de protection future.
Discutez avec elle de l'utilisation de vos preuves du désengagement du père lors de l'audience à venir (fin d'année/début d'année prochaine). Ces preuves sont cruciales non seulement pour l'avenir lointain (si vous veniez à décéder), mais aussi pour l'établissement de la résidence et des droits de visite du père dès maintenant, dans l'intérêt de l'enfant. Si le père est peu investi, cela peut justifier une résidence principale chez vous avec des droits de visite encadrés pour le père, et même ouvrir la porte à des droits de visite pour les grands-parents maternels si le père s'y opposait.
C'est une démarche difficile mais essentielle pour la sécurité affective de votre enfant. Le mandat de protection future, appuyé par un dossier de preuves solide et l'accompagnement de votre avocate, vous donnera la meilleure garantie possible pour l'avenir de votre fils.
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Bonjour,
Voici des éléments pour anticiper l’avenir de votre enfant en cas de décès ou d’incapacité :
1. Il n’est pas possible de déléguer définitivement l’autorité parentale, qui est un droit et devoir exercé par les parents, sauf en cas de retrait judiciaire. Cependant, vous pouvez exprimer vos volontés par des actes et procédures adaptés.
2. Vous pouvez rédiger des directives anticipées ou un testament désignant un tuteur pour votre enfant en cas de décès. Le tuteur sera chargé de représenter et protéger l’enfant. Cette désignation est soumise à l’acceptation du juge des tutelles. Un acte notarié est recommandé pour formaliser cette volonté, mais elle ne garantit pas automatiquement son acceptation.
3. Vous pouvez aussi rédiger une "lettre de recommandations éducatives" ou un document dans lequel vous exprimez vos souhaits concernant l’éducation et les relations familiales. Ce document, même non contraignant juridiquement, peut aider le tuteur ou le juge à comprendre vos volontés.
4. Concernant le désengagement du père, les preuves concrètes (témoignages, attestations, comportements) peuvent être utiles devant le juge aux affaires familiales (JAF) si une procédure de modification des modalités d’exercice de l’autorité parentale ou de la résidence de l’enfant est engagée. Le juge statue toujours dans l’intérêt de l’enfant.
5. Vos parents, en tant que grands-parents, peuvent demander un droit de visite ou d’hébergement devant le JAF, en cas de décès ou d’incapacité des parents. Leur droit n’est pas automatique, mais peut être reconnu s’il est dans l’intérêt de l’enfant.
6. Vous pouvez dès maintenant engager une procédure auprès du juge aux affaires familiales pour faire reconnaître vos souhaits, notamment en demandant la fixation d’un droit de visite aux grands-parents ou la désignation d’un tuteur provisoire en cas d’urgence.
7. Il est fortement conseillé de vous faire accompagner par un avocat spécialisé en droit de la famille et un notaire pour mettre en place une protection juridique complète et adaptée.
Merci de valider ma réponse.
il y a 10 jours
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