Une décision brutale et injustifiée
Monsieur X est arrivé en France il y a plus de cinq ans avec un visa régulier. Il y a construit sa vie, fondé une famille, lancé deux entreprises, embauché des médecins, payé ses impôts et élevé son fils. Ce n'est pas simplement un résident en règle : c'est un homme profondément intégré, utile à la société, stable, et respectueux des lois.
Sa conjointe, médecin ophtalmologue, exerce dans un centre de soins. Leur fils, né en France, y est scolarisé et parfaitement épanoui. Lui-même dirige une société d'assurance et un cabinet de recrutement médical qui place des professionnels dans des hôpitaux en manque de personnel. Malgré cela, l'administration a décidé de lui retirer son titre de séjour, au motif qu'il s'est récemment séparé de son épouse.
Mais une séparation n'efface ni les liens familiaux, ni les droits. Monsieur X reste conjoint légal, père d'un enfant français, professionnel en activité, et résident régulier. La loi est claire : selon l'article L.421-22 du CESEDA, la vie commune n'est pas une condition pour conserver un titre de séjour " passeport talent (famille) ". Ce statut repose sur le mariage, pas sur la cohabitation.
Dans ce contexte, la préfecture a engagé une procédure contradictoire : une étape légale préalable à toute décision défavorable, qui donne 30 jours pour répondre par écrit (article L.121-1 du CRPA). J'ai donc rédigé une réponse structurée et argumentée pour contester le projet de retrait. Au-delà du texte de loi, j'ai également rappelé d'autres bases légales possibles : la carte de résident longue durée UE, la carte de 10 ans pour les ressortissants tunisiens, ou la carte "vie privée et familiale" pour parent d'enfant scolarisé (articles L.433-7, L.423-23 CESEDA et accord franco-tunisien).
J'ai enfin insisté sur un principe fondamental : l'intérêt supérieur de l'enfant, protégé par la Convention internationale des droits de l'enfant, qui interdit toute décision fragilisant inutilement le lien parent-enfant. Dans ce dossier comme dans tant d'autres, la défense ne se limite pas à citer des lois. Elle consiste à mettre en lumière une trajectoire humaine, à montrer qu'un texte s'applique toujours à une vie. Et c'est là que le rôle de l'avocat prend toute sa force.