I. Visa Schengen : conditions, vérifications et motifs de refus
Le visa de court séjour, ou " visa Schengen ", permet à un ressortissant étranger de séjourner en France (et dans l'espace Schengen) pour une durée maximale de 90 jours sur 180. Il concerne notamment les séjours touristiques, les visites familiales, les voyages d'affaires ou les formations courtes.
Pour obtenir ce visa, le demandeur doit fournir une série de justificatifs (passeport valide, assurance maladie, justificatif d'hébergement, preuves de ressources suffisantes, etc.).
L'administration examine ensuite plusieurs critères, notamment :
- L'authenticité des documents ;
- Le motif réel du séjour ;
- Les garanties de retour dans le pays d'origine à l'expiration du visa ;
- L'absence de menace pour l'ordre public ou la sécurité ;
- L'absence de signalement dans le fichier SIS (Système d'information Schengen).
Trois grands motifs de refus reviennent fréquemment :
- Le risque migratoire : soupçon que le demandeur ne rentrera pas à la fin du séjour. Ce risque est apprécié selon plusieurs indices (absence d'emploi, faibles ressources, famille en France, âge, etc.).
- Le détournement de l'objet du visa : doute sur le véritable but du séjour (ex. : demander un visa touristique alors que le but est de s'installer durablement).
- Les risques pour l'ordre public ou la sécurité : notamment en cas d'inscription au SIS ou d'antécédents judiciaires.
Bon à savoir : depuis 2016, l'administration a l'obligation de motiver ses refus par des éléments de droit et de fait.
II. Quels recours en cas de refus ? Objectifs, délais et stratégies
En cas de refus, le recours administratif préalable obligatoire (RAPO) est souvent la première étape. Il doit être déposé :
- Auprès du ministère de l'Intérieur (sous-direction des visas) pour un visa de court séjour ;
- Dans un délai de 30 jours à compter de la notification du refus ;
- En français, de façon claire, argumentée, et avec toutes les pièces justificatives utiles.
Ce recours doit démontrer que le motif de refus est infondé ou disproportionné. Il est essentiel d'argumenter sur la réalité du projet de séjour, la stabilité du demandeur dans son pays, et surtout - en cas de visite familiale - le respect du droit à une vie privée et familiale garanti par l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme.
* Par exemple, la visite à un conjoint ou à un enfant résidant en France est protégée. De même, une maladie grave d'un proche peut justifier une délivrance exceptionnelle.
En cas de rejet du RAPO (ou de non-réponse après deux mois), un recours contentieux peut être engagé devant le tribunal administratif de Nantes. Le juge exerce alors un contrôle restreint sur la décision (il vérifie surtout s'il y a eu une erreur manifeste d'appréciation), sauf lorsqu'il s'agit d'une atteinte au droit à la vie familiale, où il procède à un contrôle de proportionnalité.
Dans tous les cas, l'accompagnement par un avocat permet d'optimiser les chances de succès. Celui-ci pourra :
- Évaluer objectivement les chances de recours ;
- Structurer un RAPO ou un mémoire contentieux convaincant ;
- Apporter des éléments de jurisprudence adaptés à la situation du demandeur.
Conclusion : Contester un refus de visa, c'est possible
Le refus d'un visa Schengen pour visite familiale ou touristique ne signifie pas que tout est perdu. Il existe des leviers juridiques solides pour contester ces décisions, à condition de respecter les délais, de bien motiver la demande et, idéalement, d'être conseillé(e) par un professionnel.
Chaque dossier est unique, mais les fondements juridiques sont clairs : le refus ne peut pas être arbitraire ni porter une atteinte disproportionnée à la vie privée et familiale du demandeur.
Si vous ou un proche êtes concerné, n'attendez pas pour agir. Plus tôt le recours est déposé, plus grandes sont les chances de réexamen favorable.