Chère madame,
Il ne faut absolument pas valider les conclusions d'une expertise psychologique sans avoir eu accès à l'intégralité de son contenu. Il est impératif de demander l'intégralité du rapport et un délai supplémentaire si nécessaire.
1. Faut-il valider les conclusions SANS avoir eu accès à l'intégralité du contenu ?
Non, absolument pas.
Violation du principe du contradictoire : C'est un principe fondamental de notre justice. Chaque partie doit avoir connaissance de tous les éléments du dossier et pouvoir en discuter. L'expertise est une preuve technique ; se prononcer uniquement sur les conclusions sans connaître la méthodologie, les tests utilisés, les entretiens menés, les analyses détaillées de l'expert, ou les limites de l'expertise, revient à valider un document sans en maîtriser le fond.
Impossibilité de faire des observations pertinentes : Comment pourriez-vous formuler des observations ou soulever des points de désaccord si vous ignorez sur quoi l'expert a basé ses conclusions ? Vous seriez dans l'incapacité de critiquer la validité scientifique de l'expertise, la pertinence de ses méthodes ou même d'identifier des erreurs factuelles.
2. Faut-il absolument attendre l'intégralité du contenu quitte à demander un délai supplémentaire ?
Oui, absolument, c'est la démarche à suivre.
Procédure : Dès que vous constatez que le rapport est incomplet, vous devez immédiatement :
Contacter le greffe (ou l'avocat si vous en avez un) pour signaler l'anomalie et exiger la communication de l'intégralité du rapport.
Adresser une demande écrite et motivée au juge (Juge d'instruction si c'est une affaire pénale, Juge de la mise en état ou Juge des affaires familiales si c'est une affaire civile) qui a ordonné l'expertise. Cette demande, envoyée par Lettre Recommandée avec Accusé de Réception (LRAR), doit :
Préciser que le rapport reçu est partiel.
Indiquer que cette situation vous empêche d'exercer pleinement vos droits de la défense (ou du contradictoire).
Demander un délai supplémentaire raisonnable (par exemple, 15 jours à compter de la réception de l'intégralité du rapport) pour pouvoir formuler vos observations.
Justification : Le fait que le rapport soit incomplet est une raison tout à fait légitime et forte pour demander un délai. Le juge est garant du respect du principe du contradictoire.
3. Ne risque-t-on pas ensuite que notre demande de délai supplémentaire soit refusée par le juge ? Si oui que faire ? Faire appel auprès de la chambre d'instruction ?
Risque de refus : Le risque qu'une demande de délai soit refusée alors que le rapport est incomplet est faible, car un tel refus constituerait une violation des droits de la défense et du principe du contradictoire. Le juge doit garantir l'équilibre des parties.
Que faire si la demande est refusée :
Formulez des observations "en l'état" et sous toutes réserves : Même si le délai n'est pas accordé ou si vous ne recevez pas l'intégralité du rapport, vous devez absolument envoyer un courrier au juge dans le délai initial. Dans ce courrier, vous indiquerez que vous n'avez pas pu formuler des observations complètes en raison de la communication partielle du rapport, que vous contestez cette situation, et que vous réservez tous vos droits de contestation ultérieurs. Cela constituera la preuve de la violation de vos droits.
Si l'affaire est pénale (Juge d'instruction) : Si le refus du juge porte atteinte de manière significative à vos droits, vous pourriez, par l'intermédiaire d'un avocat, envisager un recours en nullité des actes de procédure devant la Chambre de l'instruction de la Cour d'appel. C'est une procédure lourde qui nécessite l'intervention d'un professionnel.
Si l'affaire est civile (Juge de la mise en état ou autre juge civil) : Le refus d'un délai ou la transmission incomplète d'un rapport pourrait être un moyen d'appel contre la décision finale du juge, si cette décision se fonde sur l'expertise que vous n'avez pas pu contester pleinement.
En synthèse : Ne validez rien sans le rapport complet. Demandez-le immédiatement et sollicitez un délai supplémentaire auprès du juge. Si cela est refusé, faites des observations sous toutes réserves et contactez un avocat pour envisager les recours appropriés (nullité en pénal, moyen d'appel en civil) basés sur la violation du principe du contradictoire. La consultation d'un avocat est indispensable dans cette situation.
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il y a 12 heures
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