I. Ce que change vraiment le passage au niveau B2
Jusqu'à fin 2025, les candidats à la naturalisation par décret doivent justifier d'un niveau B1 de français, correspondant à une capacité à comprendre et à s'exprimer dans des situations simples de la vie quotidienne. Ce niveau, bien que déjà contrôlé lors des démarches actuelles, reste accessible à un grand nombre de personnes.
Mais à compter du 1er janvier 2026, le niveau B2 deviendra la nouvelle norme. Il s'agit d'un niveau plus exigeant, qui suppose non seulement une bonne maîtrise de la langue courante, mais aussi une capacité à s'exprimer avec nuance, précision et spontanéité sur des sujets complexes.
Concrètement, cela signifie que les futurs candidats devront :
- comprendre des textes longs ou abstraits avec des arguments implicites ;
- participer à des discussions soutenues sans se limiter à des réponses simples ;
- formuler des idées de façon structurée, détaillée et argumentée, à l'oral comme à l'écrit.
Pour ceux qui se préparent à cette démarche, cette évolution implique une préparation renforcée : suivre des cours de français avancés, s'entraîner à l'expression écrite, travailler la compréhension de documents plus techniques ou littéraires, etc.
Ce nouveau seuil risque aussi d'aggraver les inégalités entre les candidats : les personnes peu scolarisées, âgées ou issues de parcours migratoires compliqués pourraient se retrouver en difficulté, même après des années de résidence en France.
Pour cette raison, il est fortement recommandé d'anticiper la préparation linguistique en amont du dépôt de la demande. Le niveau B2 ne s'improvise pas : il se construit dans le temps, avec méthode et accompagnement adapté.
II. Justifier son niveau de français et connaître les exceptions possibles
Pour satisfaire à cette nouvelle exigence, les candidats devront fournir un justificatif officiel du niveau B2, en français écrit et oral. Plusieurs voies sont possibles, mais toutes doivent respecter des critères stricts fixés par les textes :
- soit un diplôme français délivré en France ou dans un pays francophone, équivalent ou supérieur au niveau B2 ;
- soit une attestation de réussite à un test linguistique agréé (type TCF, TEF) passé depuis moins de deux ans au moment du dépôt du dossier.
Les autorités exigent des documents récents et vérifiables. Un test ancien ou un niveau oral non documenté ne sera pas suffisant.
Des exceptions existent cependant pour certaines catégories de personnes :
- Les personnes en situation de handicap ou de maladie chronique peuvent demander une dispense, à condition de présenter un certificat médical conforme, établi par un professionnel de santé et validé par l'administration.
- Les réfugiés et apatrides de plus de 70 ans résidant en France depuis au moins 15 ans sont également dispensés de cette condition linguistique, conformément à l'article 21-24-1 du code civil.
En dehors de ces cas spécifiques, aucun allègement n'est prévu. Même si le reste du dossier est solide (ancienneté de séjour, travail, enfants français), le critère linguistique devient bloquant si le niveau requis n'est pas atteint ou prouvé correctement.
Conclusion
Avec l'entrée en vigueur du niveau B2 en 2026, la naturalisation devient un véritable test de maîtrise du français. Cette réforme impose une nouvelle exigence, plus élevée, qui ne se limite pas à la communication quotidienne : il faudra comprendre des textes complexes, s'exprimer avec clarté et argumenter de façon structurée.
Ce changement exclura de fait certains profils, notamment les personnes peu scolarisées, âgées ou en situation de précarité linguistique. Il est donc essentiel d'anticiper : suivre des cours, passer un test reconnu, mobiliser une dispense si besoin.
Sans préparation sérieuse, la demande risque d'être refusée. L'accompagnement par un professionnel peut faire la différence pour évaluer son niveau réel, constituer un dossier solide ou faire valoir une exception prévue par la loi.
Dès 2026, parler français ne suffira plus. Il faudra le prouver.