I. Prestataire réel et imposé : un risque limité
Lorsque le prestataire étranger dispose d'une structure réelle (locaux, salariés, activité identifiable) et paie des impôts dans son pays, les factures sont admises par l'administration sans aucune retenue à la source.
Pour sécuriser vos transactions, conservez :
- un document d'immatriculation local ;
- une preuve que la société paie ses impôts ;
- un contrat ou devis signé ;
- des éléments prouvant la réalité du travail (livrables, captures, échanges).
Si votre prestataire est réel et imposé localement, le risque de remise en cause est faible.
II. Prestataire réel basé dans un paradis fiscal : la retenue à la source
Si le prestataire ne paie pas d'impôt dans son pays (société offshore ou située dans une zone à fiscalité très faible), l'administration applique une retenue à la source et ce même si la société est installée dans un pays avec lequel la France a contracté une convention fiscale. C'est le côté redoutable de ces contrôles.
C'est un impôt directement calculé sur les sommes versées au prestataire ce qui rend le montant très lourd car finalement le prix de revient des services est majoré d'un taux de 33 %. Cet exemple est simplifié et uniquement à but pédagogique : les taux et modalités exacts doivent être vérifiés au cas par cas.
1. Vous versez 75 € au prestataire.
2. L'administration considère que ces 75 € sont un montant net d'impôt.
3. Elle reconstitue un montant brut de 100 €.
4. Elle calcule une retenue de 25 €, soit un taux effectif d'environ 33 %.
Des pénalités peuvent s'ajouter :
- 40 % en cas de manquement délibéré ;
- un taux parfois réduit à 10–20 % si l'entreprise coopère rapidement.
Si votre prestataire ne paie pas d'impôt localement, la retenue à la source qui vous sera demandée en France est quasi automatique.
III. Prestataire fictif offshore : redressements lourds pour l'entreprise et le dirigeant
Lorsque la société étrangère n'a aucune réalité économique (pas de locaux, pas de salariés, pas de travail réel), l'administration peut considérer que les factures sont fictives.
Elle peut alors :
- refuser la déduction des factures en France ;
- réintégrer les montants dans votre résultat imposable pour recalculer votre IS (impôt sur les sociétés) ;
- appliquer la retenue à la source (33 %) ;
- ajouter des pénalités pouvant atteindre 80 % ;
- appliquer une amende de 50 % pour factures fictives ;
- requalifier les sommes en revenus distribués au dirigeant, taxés à 30 % + 17,2 %.
Même si le dirigeant n'a rien encaissé personnellement, l'administration peut estimer qu'il a "maîtrisé l'affaire" et imposer les montants entre ses mains. La sous-traitance internationale n'est pas interdite, mais elle nécessite des vérifications préalables indispensables. Les risques sont minimes lorsque le prestataire est réel et imposé localement, mais ils deviennent très importants lorsque la société est offshore (société installée dans un pays à fiscalité très faible) ou n'a aucune activité réelle.
Dans le contexte actuel de contrôles renforcés, il est fortement recommandé de vérifier la réalité économique du prestataire ou de demander un accompagnement pour sécuriser les opérations avant tout paiement.
Conclusion
Ainsi, la fiscalité des paiements de factures auprès de sociétés à l'étranger dépend avant tout de la réalité du prestataire.
Lorsqu'il dispose d'une activité identifiable et paie des impôts localement, les factures sont en principe admises.
À l'inverse, une société non fiscalisée ou sans substance expose l'entreprise française à des redressements très lourds.
Dans un contexte de contrôles renforcés, il est donc essentiel de :
1. vérifier la réalité économique du prestataire (locaux, salariés, impôt local)
2. identifier le risque de retenue à la source si la société n'est pas réellement imposée
3. éviter les sociétés sans substance, qui sont très fortement ciblées en contrôle
4. obtenir une preuve d'imposition locale
5. être particulièrement vigilant si le pays est à fiscalité très faible
6. conserver systématiquement les preuves (contrats, devis, livrables, échanges)
7. consulter un conseil avant de contractualiser dès que le pays ou la structure du prestataire semble "à risque".
Ces vérifications simples permettent de réduire nettement les risques et de sécuriser les paiements vers l'étranger.