Bonjour,
La situation que vous décrivez soulève une question complexe en matière de droit pénal, notamment concernant la responsabilité du destinataire et utilisateur d’un enregistrement obtenu de manière illicite par un tiers.
L’article 226-1 du Code pénal interdit l’enregistrement, sans le consentement de l’intéressé, de paroles prononcées à titre privé ou confidentiel. L’auteur direct de cet enregistrement est donc clairement punissable. En revanche, pour celui qui reçoit cet enregistrement et l’utilise par la suite (notamment lors d’une audition policière ou judiciaire), la responsabilité pénale dépend du degré de connaissance qu’il avait du caractère illicite de l’enregistrement et de l’usage qu’il en fait.
Concernant le recel, visé par l’article 321-1 du Code pénal, il suppose que la personne ait eu connaissance du caractère délictueux de l’objet reçu (ici, l’enregistrement audio), et qu’elle en ait tiré un profit ou en ait facilité l’usage. En théorie, si la personne savait que l’enregistrement avait été réalisé illégalement (à l’insu et sans le consentement de la personne enregistrée), et qu’elle s’en sert dans son propre intérêt lors d’une audition, il est possible que l’infraction de recel puisse être constituée. Néanmoins, en pratique, les juridictions pénales sont prudentes avant de retenir cette qualification, surtout si l’usage est limité à une audition dans un cadre officiel.
En outre, l’utilisateur de l’enregistrement pourrait aussi engager sa responsabilité sous l’angle de la complicité (article 121-7 du Code pénal), s’il était établi qu’il avait incité le tiers à effectuer l’enregistrement, ou qu’il en avait connaissance avant sa réalisation. Cela peut être difficile à démontrer, mais reste juridiquement possible.
Enfin, il faut noter que la preuve ainsi produite est en principe irrecevable au plan civil ou disciplinaire, car obtenue de manière déloyale. En droit pénal, en revanche, la jurisprudence a parfois accepté des enregistrements illicites si ceux-ci n'étaient pas l’unique preuve ou s’ils servaient à se défendre dans un procès, mais cela reste très encadré.
En résumé, la personne qui utilise un enregistrement réalisé illégalement par un tiers s’expose à des risques pénaux si elle connaissait le caractère illicite de la captation. Le recel peut être envisagé, mais il faudrait démontrer qu’il y a eu intention de profiter d’un bien issu d’une infraction, ce qui relève de l’appréciation du juge.
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