Bonjour,
La situation que vous décrivez est sérieuse et touche à la protection de votre vie privée et de celle de vos enfants. Votre époux n'a absolument pas le droit de partager vos informations personnelles et celles de vos enfants sans votre consentement, même si sa tante les lui demande. Le fait qu'il ne comprenne pas la gravité de ses actes et ne vous rassure pas est préoccupant.
La violation de la vie privée et la divulgation de données personnelles
En France, la vie privée est un droit fondamental protégé par l'article 9 du Code civil et l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme. De plus, la divulgation d'informations personnelles est encadrée par le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) et la loi Informatique et Libertés.
Quand votre époux partage vos informations et celles de vos enfants (bilan de santé, documents bancaires, mails personnels, projet immobilier) sans votre accord, il y a potentiellement :
Violation du droit à la vie privée : Toute personne a droit au respect de sa vie privée. La divulgation de ces informations, surtout des données de santé ou bancaires, est une atteinte caractérisée.
Violation du secret professionnel et médical (pour le bilan de santé) : Si les informations de santé proviennent d'un professionnel, leur transmission sans consentement est une violation. Même si elles vous sont adressées, leur rediffusion est problématique.
Manquement aux devoirs du mariage : L'article 212 du Code civil dispose que "Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance." Le respect inclut celui de la vie privée. Le non-respect de ce devoir peut constituer une faute et être pris en compte en cas de procédure de
divorce.
Divulgation illégale de données personnelles : Le RGPD protège les données personnelles. Sans votre consentement explicite, leur transmission est illégale. Les données de santé sont des "données sensibles" qui bénéficient d'une protection renforcée.
Est-il déjà "sanctionnable" ?
Oui, ses agissements peuvent avoir des conséquences juridiques :
Sur le plan civil : Vous pouvez demander en justice (Tribunal Judiciaire) la cessation de ces agissements et des dommages-intérêts pour le préjudice moral ou matériel subi du fait de cette atteinte à votre vie privée.
Sur le plan pénal : La divulgation de certaines informations particulièrement sensibles (comme le secret médical) ou l'atteinte à l'intimité de la vie privée peuvent relever du Code pénal (par exemple, article 226-1 pour l'atteinte à l'intimité de la vie privée si les données ont été collectées ou diffusées sans le consentement des personnes). Pour des informations non explicitement protégées par un secret professionnel mais de nature privée, un harcèlement moral (si les faits sont répétés et dégradent vos conditions de vie) ou une violation de correspondances privées pourraient être envisagés selon les cas.
Dans le cadre d'un divorce : Si la situation devait en arriver là, ce manquement grave aux devoirs du mariage pourrait être considéré comme une faute et être invoqué pour un divorce pour faute (Article 242 du Code civil).
Quelles démarches réaliser ?
Voici les étapes que vous pouvez envisager :
1. Communication formelle et écrite
Puisqu'il ne comprend pas et ne vous rassure pas à l'oral, mettez les choses par écrit.
Envoyez un courrier recommandé avec accusé de réception à votre époux.
Dans ce courrier, rappelez-lui précisément les faits : les types d'informations qu'il a transmises, les dates si vous les avez, et à qui (sa tante).
Indiquez clairement que vous n'avez jamais donné votre accord pour la transmission de ces informations et que vous exigez qu'il y mette un terme immédiatement.
Soulignez la gravité de l'atteinte à votre vie privée et à celle de vos enfants, en mentionnant les articles du Code civil ou le RGPD.
Précisez que, s'il ne cesse pas, vous vous verrez contrainte de prendre des mesures légales pour protéger vos droits et ceux de vos enfants.
Conservez une copie de ce courrier. Ce document sera une preuve de votre démarche et de son refus de coopérer.
2. Protéger vos informations
Sécurisez vos accès : Changez les mots de passe de vos comptes e-mail, bancaires, et de tout autre service en ligne auquel votre époux pourrait avoir accès.
Limitez l'accès aux documents : Assurez-vous que vos documents personnels (physiques et numériques) ne sont pas librement accessibles.
Communiquez avec les tiers concernés : Si la tante est au courant d'un projet immobilier via votre époux, vous pouvez informer le syndic ou d'autres professionnels que seules vos communications directes sont valides.
3. Consulter un avocat
C'est une étape essentielle pour comprendre l'étendue de vos options et agir de manière efficace.
Avocat en droit de la famille ou en droit des personnes : Un avocat pourra vous conseiller sur la meilleure stratégie à adopter. Il/elle pourra :
Vous aider à formuler une mise en demeure juridique.
Évaluer la possibilité d'une action en justice pour atteinte à la vie privée.
Discuter des implications de cette situation sur votre mariage et un éventuel futur divorce.
Vous informer sur la protection des données de vos enfants.
4. Agir pour les enfants
Les informations concernant vos enfants (surtout un bilan de santé) sont particulièrement sensibles. En tant que parents, vous avez tous les deux l'autorité parentale, mais cette autorité implique de protéger l'intimité et les données des enfants.
Si les informations ont été transmises par un professionnel (médecin, etc.) à votre époux, il n'a pas le droit de les rediffuser sans votre accord (et celui des enfants s'ils sont assez âgés pour consentir).
Mentionnez clairement dans votre courrier à votre époux que la transmission des données de vos enfants est également une atteinte grave et inacceptable.
Le fait qu'il ne comprenne pas votre demande est une chose, mais la loi est claire sur le respect de la vie privée. Votre action est légitime pour vous protéger et protéger vos enfants.
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