Je comprends parfaitement votre situation, qui est malheureusement fréquente et très douloureuse. Le fait d'être confronté à la toxicité de ses propres parents, surtout lorsque l'on a soi-même une santé fragile, est une épreuve immense. Il est crucial que vous preniez soin de votre propre bien-être avant tout.
L'obligation alimentaire en France : ce que dit la loi
En droit français, il existe en effet une obligation alimentaire entre ascendants (parents) et descendants (enfants), ainsi qu'entre gendres/belles-filles et beaux-parents. Cette obligation est prévue par les articles 205 et suivants du Code civil.
Principe : Les enfants doivent aider leurs parents qui sont dans le besoin et qui ne peuvent subvenir seuls à leurs subsistances (nourriture, logement, soins, etc.).
Condition clé : L'état de besoin. L'obligation alimentaire ne s'applique que si le parent est dans le besoin. Dans votre cas, vous indiquez que vos parents sont propriétaires et n'ont "pas de problème financier". Si c'est avéré et qu'ils ont des revenus ou un patrimoine suffisant pour couvrir leurs besoins (y compris les aides à domicile, soins liés à la maladie d'Alzheimer, etc.), l'obligation alimentaire ne s'applique pas. L'aide financière et matérielle n'est exigible que si le parent est en situation de précarité avérée.
Proportionnalité : Si, malgré tout, ils étaient jugés dans le besoin, l'aide demandée serait toujours proportionnée à vos ressources et à vos charges. Votre situation d'invalidité 1ère catégorie, votre RQTH et vos problèmes de santé seraient pris en compte pour évaluer votre capacité à contribuer.
Le cas particulier de la toxicité et du comportement des parents
La jurisprudence (les décisions des tribunaux) a reconnu que l'obligation alimentaire peut être refusée ou réduite dans des cas exceptionnels où les parents ont gravement manqué à leurs propres obligations envers leurs enfants (abandon, maltraitance grave, violences, etc.). C'est ce qu'on appelle une indignité ou un manquement grave aux devoirs parentaux.
Si vos parents vous ont "pourri la vie depuis la naissance" et que vous pouvez en apporter la preuve (témoignages, certificats médicaux liés à un retentissement psychologique de cette toxicité, etc.), cela pourrait être un argument très fort pour être dispensé de l'obligation alimentaire, même s'ils étaient jugés dans le besoin.
Preuve : Il est évident que prouver une "toxicité" de longue date est difficile. Les certificats médicaux que vous mentionnez, attestant de votre propre santé dégradée (physique et mentale, notamment en raison du stress ou des relations familiales), peuvent appuyer votre argument concernant l'impact de cette relation sur vous. Des témoignages de proches qui ont constaté cette toxicité peuvent aussi être utiles.
Est-ce obligatoire de les aider concrètement comme vous le faisiez ?
Non. L'obligation alimentaire, lorsqu'elle est reconnue, est avant tout une obligation pécuniaire. Il s'agit de verser une somme d'argent pour subvenir aux besoins essentiels. La loi ne vous oblige absolument pas à fournir une aide matérielle ou personnelle (courses, papiers, rendez-vous médicaux) si vous ne le souhaitez pas ou ne le pouvez pas.
Si vos parents ont besoin d'aide concrète (courses, gestion administrative, accompagnement), et s'ils ont les moyens financiers (ce que vous indiquez), c'est à eux de mettre en place et de financer les services nécessaires (auxiliaires de vie supplémentaires, service d'aide à domicile, portage de repas, secrétariat à domicile, taxi conventionné pour les rdv médicaux, etc.).
Un certificat des médecins est-il nécessaire ?
Pour votre santé : Oui, si votre santé s'est dégradée à cause de cette relation ou si vous n'êtes plus en mesure de fournir cette aide physique et psychologique, il est important que vos médecins (médecin traitant, spécialiste, psychologue/psychiatre) l'attestent dans des certificats. Cela servira à appuyer votre incapacité à aider de cette manière et potentiellement à justifier que vous ne pouvez pas être tenu à une obligation alimentaire trop lourde (ou pas du tout si votre santé en est la cause).
Pour la "toxicité" : Prouver la toxicité pour être dispensé de l'obligation alimentaire peut s'appuyer sur des certificats médicaux (qui attestent des conséquences de cette relation sur vous), mais aussi sur des témoignages ou tout élément prouvant un manquement grave de leurs devoirs envers vous par le passé.
Que faire concrètement ?
Priorisez votre santé : Continuez à prendre soin de vous, à consulter vos médecins. Ce que vous ressentez ("je n'en peux plus") est un signe d'alerte.
Informez vos parents (si vous le souhaitez et si c'est possible) : Vous pouvez leur signifier que vous ne pourrez plus les aider de la même manière en raison de votre santé. Vous n'avez pas à justifier votre décision par la "toxicité", mais par votre propre incapacité physique et psychologique actuelle.
Orientez-les vers les services adaptés : Puisqu'ils ont les moyens, ils peuvent solliciter des services d'aide à domicile, des organismes de portage de repas, des services d'aide administrative pour personnes âgées, des taxis pour les rendez-vous, etc. Les CLIC (Centres Locaux d'Information et de Coordination) ou les CCAS (Centres Communaux d'Action Sociale) de leur lieu de résidence peuvent les aider à trouver ces services.
En cas de demande formelle d'aide alimentaire : Si vos parents (ou l'aide sociale du département) venaient à vous solliciter formellement pour une aide financière, c'est à ce moment-là que vous devrez faire valoir vos arguments devant un juge aux affaires familiales :
Leur absence de besoin (preuves de leurs revenus et patrimoine).
Votre propre capacité contributive limitée (invalidité, RQTH, faibles ressources).
Et, le cas échéant, le manquement grave de vos parents à leurs devoirs envers vous.
Conclusion :
Non, vous n'êtes pas obligée de les aider personnellement pour les courses, les papiers, etc. La loi ne l'impose pas. Si une obligation alimentaire financière était soulevée, elle ne s'appliquerait que s'ils sont dans le besoin, et serait proportionnée à vos capacités. De plus, un manquement grave de leurs devoirs parentaux pourrait vous en dispenser.
Concentrez-vous sur votre santé. Faites attester par vos médecins votre propre état de santé et votre incapacité à gérer cette charge.
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Merci infiniment d'avoir répondu à ma question.
Ils ne sont pas dans le besoin, les auxiliaires de vie sont en place. Il faut qu'ils se payent une prestation pour tout le reste. Je vous en discuter avec ma sœur.
Je vais me désengager complètement, je suis en dépression depuis peu.
Quel soulagement ! Merci , merci, merci
il y a 10 heures
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