Bonjour
En matière de garde d’enfants, le Juge aux Affaires Familiales (JAF) statue en fonction de l’intérêt supérieur de l’enfant, comme le prévoit l’article 373-2-11 du Code civil. Il prend en compte des éléments tels que la stabilité affective, la capacité éducative, les conditions de vie, et parfois le passé judiciaire des parents — mais uniquement si ce passé a un impact direct sur l’environnement de l’enfant.
Une condamnation ancienne, surtout si elle n’a pas été suivie de récidive et qu’elle concernait une obligation de soin sans expertise psychiatrique, n’est pas automatiquement disqualifiante. Le juge peut en tenir compte, mais il évaluera surtout votre comportement actuel, votre stabilité, et votre engagement parental.
Concernant votre casier judiciaire, le Bulletin n°1 contient l’intégralité des condamnations, y compris celles effacées des bulletins n°2 et n°3. Il est accessible uniquement aux autorités judiciaires. Selon l’article 769 du Code de procédure pénale, les fiches du casier judiciaire sont automatiquement retirées après 40 ans en l’absence de nouvelle condamnation, sauf pour les infractions imprescriptibles.
Toutefois, il existe une réhabilitation légale qui peut intervenir bien avant ce délai : par exemple, une condamnation avec sursis probatoire peut être effacée du bulletin n°2 et n°3 au bout de 5 à 10 ans, selon les circonstances et à condition qu’aucune nouvelle condamnation ne soit intervenue
Si vous souhaitez aller plus loin, vous pouvez demander une réhabilitation judiciaire. Elle permet, sous conditions, d’effacer la condamnation du bulletin n°1, ce qui peut être utile si vous craignez que le juge y ait accès dans le cadre d’une procédure familiale.
Cette démarche est recevable après un délai de 3 ans pour les délits, à condition d’avoir exécuté la peine et de justifier d’une conduite irréprochable. Elle n’est pas obligatoire, mais elle peut être rassurante si vous souhaitez tourner définitivement la page.
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il y a 4 jours
Bonjour,
C'est une excellente question et il est tout à fait légitime de vous inquiéter de l'impact d'une ancienne condamnation sur une décision concernant la garde de vos enfants.
Clarifions ces points cruciaux.
1. L'impact de votre ancienne condamnation sur la décision du Juge aux Affaires Familiales (JAF)
Oui, votre passé judiciaire, y compris une condamnation avec obligation de soins psychiatriques, peut potentiellement peser dans la balance lors d'une décision du Juge aux Affaires Familiales concernant la garde de vos enfants.
Le JAF prend ses décisions dans l'intérêt supérieur de l'enfant. Pour cela, il va évaluer la capacité de chaque parent à garantir le bien-être, la sécurité, l'éducation et la stabilité de l'enfant.
L'obligation de soins : Même si elle remonte à quinze ans et qu'il n'y a pas eu d'expertise préalable, le fait qu'une décision de justice ait imposé une obligation de soins psychiatriques peut être interprété comme un signe de difficultés passées. Le JAF pourrait s'interroger sur :
La nature des faits ayant entraîné cette condamnation.
Le suivi réel de cette obligation de soins et ses résultats.
Votre état psychologique actuel et votre capacité à offrir un environnement stable et sécurisant pour les enfants.
Ce n'est pas déterminant en soi : Cependant, une condamnation ancienne, surtout si elle n'a pas été suivie de récidive et si vous avez démontré une stabilité depuis, n'est pas nécessairement un obstacle insurmontable. Le JAF examinera la situation actuelle et globale. Il prendra en compte :
Votre comportement parental actuel depuis quinze ans.
Votre relation avec les enfants.
Les preuves de votre stabilité émotionnelle et de votre capacité à prendre soin d'eux.
Les expertises psychologiques ou psychiatriques actuelles si le juge les ordonne.
Le fait que vous ayez respecté le sursis probatoire et mené une vie sans incident depuis est un atout majeur.
Le JAF ne se fondera pas uniquement sur un passé ancien, mais cherchera à comprendre si cela présente un risque actuel pour les enfants.
2. L'effacement de votre casier judiciaire (Bulletin n°1)
C'est une question fréquente et essentielle.
La réhabilitation légale : Oui, la réhabilitation légale s'applique bien dans votre cas. Elle intervient automatiquement après l'expiration d'un certain délai à compter de la date de la condamnation ou de la fin de la peine, si aucune nouvelle infraction n'est commise. Pour une peine correctionnelle comme un sursis probatoire, ce délai est généralement de 5 ans après la fin du sursis probatoire (si la peine de prison ferme prononcée n'excédait pas 1 an).
Conséquence de la réhabilitation légale : La réhabilitation légale entraîne l'effacement des mentions de la condamnation des bulletins n°2 et n°3 du casier judiciaire. Cela signifie que cette condamnation n'apparaît plus sur le casier judiciaire demandé par un employeur (B2) ou par vous-même (B3).
Le Bulletin n°1 : Le Bulletin n°1 (B1) du casier judiciaire est le relevé intégral des condamnations et n'est communiqué qu'aux autorités judiciaires (magistrats, procureurs, etc.) et à certaines administrations pour des besoins spécifiques. La réhabilitation légale n'entraîne pas l'effacement des mentions du Bulletin n°1. Ces mentions y restent.
L'Article 769 du Code de Procédure Pénale : Cet article stipule en effet que les fiches du casier judiciaire relatives aux condamnations correctionnelles sont retirées au bout de quarante ans si le condamné n'a pas fait l'objet d'une nouvelle condamnation. C'est un mécanisme d'effacement automatique très long pour le B1.
En résumé : Votre condamnation a très probablement été effacée des bulletins n°2 et n°3 du casier judiciaire par la réhabilitation légale. Cependant, elle reste présente sur votre Bulletin n°1, accessible au juge.
3. Faut-il demander une réhabilitation judiciaire ?
La réhabilitation judiciaire permet, dans certains cas et sous conditions strictes, d'obtenir l'effacement de la condamnation du Bulletin n°1 du casier judiciaire.
Conditions : Il faut généralement que la personne ait donné des preuves de bonne conduite depuis la condamnation, qu'elle ait réparé les dommages causés par l'infraction, et que des délais spécifiques soient écoulés (souvent plus longs que pour la réhabilitation légale).
Utilité dans votre cas :
Avantage : Si vous obteniez une réhabilitation judiciaire, la condamnation serait effacée de votre B1. Cela empêcherait le JAF d'y avoir accès.
Inconvénient/Difficulté : La réhabilitation judiciaire est une procédure longue et difficile à obtenir. Il faut en faire la demande auprès de la Chambre de l'instruction de la Cour d'appel. Le fait que l'obligation de soins ait été imposée dans le cadre d'un sursis probatoire peut être un élément pris en compte par la juridiction qui statuera sur la réhabilitation.
Délai : Compte tenu de l'urgence potentielle de votre dossier devant le JAF, il est probable que la procédure de réhabilitation judiciaire soit trop longue pour avoir un impact avant la décision sur la garde de vos enfants.
Mon conseil : Demander une réhabilitation judiciaire dans l'urgence pour le JAF n'est probablement pas la solution la plus efficace en termes de temps. Cependant, cela peut être une démarche utile pour votre tranquillité d'esprit à long terme et pour toutes vos futures démarches.
Que faire concrètement face au JAF ?
Plutôt que de vous concentrer sur l'effacement du B1 (qui est long), concentrez-vous sur la démonstration de votre situation actuelle :
Anticipez la question : Ne laissez pas votre ex-conjoint ou le JAF découvrir cette information par eux-mêmes. Abordez-la de manière proactive et transparente.
Mettez en avant votre évolution :
Expliquez que cette condamnation est ancienne (quinze ans).
Démontrez que vous avez respecté toutes les obligations de votre sursis probatoire.
Insistez sur l'absence de récidive et votre stabilité depuis cette période.
Fournissez des attestations de proches, de professionnels (médecin traitant si possible, sans violer le secret médical, mais qui pourrait attester de votre bon équilibre de vie actuel) qui témoignent de votre capacité parentale actuelle et de votre stabilité psychologique.
Mettez en avant tout travail personnel que vous avez pu faire (suivi psychologique personnel, même si non lié à l'obligation, thérapie etc.)
Concentrez-vous sur vos enfants : Expliquez comment vous prenez soin d'eux au quotidien, votre implication dans leur éducation, leur bien-être et leur développement.
Soyez prêt(e) à une expertise : Le JAF pourrait ordonner une expertise médico-psychologique ou psychiatrique actuelle si des doutes subsistent. Si tel est le cas, collaborez pleinement et avec transparence. C'est l'occasion de montrer votre équilibre actuel.
Pour cette procédure devant le JAF, il est crucial de vous faire accompagner par un avocat spécialisé en droit de la famille. Il saura comment présenter votre situation, anticiper les arguments adverses et rassurer le juge sur votre capacité parentale actuelle, en relativisant un fait ancien et isolé.
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il y a 4 jours
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