Merci beaucoup.
Oui mais procureur et Doyen, délai pour répondre,décider classement sans suite ou décision de poursuite ou rejet pour le doyen ?
Merci
il y a 1 jour
Il est crucial de bien distinguer les rôles et les délais du Procureur de la République et du Juge d'instruction (via le Doyen).
1. Le Procureur de la République (suite à une plainte simple)
Délai pour répondre/décider : Il n'existe pas de délai légal maximum imposé au Procureur de la République pour prendre une décision (classement sans suite, renvoi devant un tribunal, ouverture d'une enquête, etc.) suite à une plainte simple.
En pratique : Ce délai est très variable. Il peut aller de quelques semaines pour les affaires simples et claires, à plusieurs mois, voire plus d'un an pour des dossiers plus complexes, en fonction de la charge de travail du parquet, de la nécessité d'enquêtes préliminaires, etc.
Le "délai de 3 mois" et le recours : Ce délai de trois mois n'est pas un délai pour le Procureur de décider, mais un délai qui vous ouvre un droit en tant que victime.
Conformément à l'article 40-1 du Code de procédure pénale, si le Procureur de la République n'a pas répondu à votre plainte ou a classé sans suite dans un délai de trois mois à compter du jour où vous avez déposé plainte (ou à partir du jour où l'auteur des faits a été identifié), vous avez alors la possibilité de :
Former un recours hiérarchique auprès du Procureur Général (son supérieur hiérarchique).
Ou, et c'est souvent la voie la plus efficace pour "forcer" l'action, déposer une plainte avec constitution de partie civile directement auprès du doyen des juges d'instruction.
Donc, ce n'est pas que le Procureur doit décider en 3 mois, mais qu'après 3 mois de silence ou de classement sans suite, vous pouvez passer à l'étape supérieure.
2. Le Doyen des Juges d'Instruction (suite à une plainte avec constitution de partie civile)
Rôle du Doyen : Lorsque vous déposez une plainte avec constitution de partie civile, le Doyen des Juges d'Instruction la reçoit. Son rôle initial est de vérifier la recevabilité formelle de votre plainte (paiement de la consignation si nécessaire, respect des formes, etc.).
S'il estime la plainte recevable, il rend une ordonnance de saisine et désigne un juge d'instruction pour ouvrir une information judiciaire.
S'il estime la plainte irrecevable (pour des motifs formels), il peut rendre une ordonnance de non-lieu à informer (c'est le "rejet" dont vous parlez). Ce "rejet" est rare s'il n'y a pas d'irrégularité formelle majeure.
Délai de traitement du dossier par le Juge d'Instruction : Une fois que le juge d'instruction est désigné et que l'instruction est ouverte, il n'y a aucun délai légal maximum pour la durée de cette instruction.
En pratique : La durée d'une instruction dépend entièrement de la complexité de l'affaire. Elle peut durer :
Quelques mois pour les affaires simples avec des preuves évidentes.
Plusieurs années pour les affaires complexes (criminalité organisée, grande délinquance financière, affaires nécessitant de multiples expertises, auditions de nombreux témoins, commissions rogatoires internationales, etc.).
Pendant l'instruction, le juge mène son enquête de manière autonome. Il peut y avoir des périodes d'activité intense et des périodes de latence en attendant des retours d'expertises ou de commissions rogatoires.
À la fin de l'instruction, le juge rendra soit une ordonnance de non-lieu (s'il estime qu'il n'y a pas de charges suffisantes pour poursuivre), soit une ordonnance de renvoi devant la juridiction de jugement (Tribunal Correctionnel ou Cour d'Assises).
3. À partir de quand parle-t-on de lenteur de la justice ?
On parle de lenteur de la justice lorsque les délais de traitement d'un dossier sont considérés comme excessifs ou déraisonnables, au regard de plusieurs critères :
La complexité de l'affaire elle-même.
Le comportement des parties (ont-elles contribué à la lenteur ?).
L'enjeu du litige pour la personne concernée (par exemple, une victime gravement atteinte, ou une personne détenue).
L'engorgement des tribunaux et les moyens dont dispose la justice.
La Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) protège le droit à un procès dans un délai raisonnable (article 6 de la Convention Européenne des Droits de l'Homme). Si ce délai est dépassé de manière abusive, une victime peut obtenir une indemnisation de l'État pour "fonctionnement défectueux du service public de la justice". Cependant, ce n'est pas un délai fixe, mais une appréciation au cas par cas.
En résumé, si le Procureur a un délai de 3 mois pour vous permettre d'agir, le Juge d'instruction n'a pas de délai fixe pour clore son enquête, et la "lenteur" est une notion relative.
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