Bonjour,
Je comprends votre exaspération et la complexité de votre situation, qui cumule des litiges avec votre ancien employeur et des difficultés avec la CPAM. C'est une situation effectivement très délicate qui nécessite une action rapide et méthodique.
1. Problème de la subrogation abusive par l'employeur et rôle de la CPAM
Votre employeur a manifestement fait une démarche abusive et potentiellement frauduleuse en demandant une subrogation des indemnités journalières (IJ) de la CPAM après la fin de votre contrat de travail, et en ne vous reversant pas les IJ perçues. C'est une situation inacceptable.
Principe de la subrogation : La subrogation permet à l'employeur de percevoir directement les IJ de la CPAM à la place du salarié, à condition qu'il maintienne tout ou partie du salaire durant l'arrêt de travail. Si le contrat de travail est terminé, l'employeur n'a plus à maintenir le salaire et ne devrait donc plus bénéficier de la subrogation.
L'obligation de la CPAM : La CPAM est tenue de verser les IJ à la personne qui y a droit. Si un employeur maintient les salaires, la subrogation est possible. Cependant, dès lors que le contrat est rompu, la subrogation prend fin, sauf cas exceptionnels de maintien de salaire au-delà de la fin de contrat (ce qui n'est pas votre cas si l'employeur ne vous reverse rien).
Votre preuve du licenciement : Vous avez transmis votre courrier de licenciement, ce qui est une preuve forte. La CPAM est censée tenir compte de la date de fin de contrat. Le fait qu'ils continuent à payer l'employeur malgré cette preuve est problématique.
Action à mener concernant la CPAM :
Mise en demeure formelle : Envoyez une nouvelle lettre recommandée avec accusé de réception à la CPAM (service prestations maladie) en rappelant toute la chronologie :
Dates de début et de fin de votre contrat de travail et de votre préavis.
Date de votre licenciement (22 avril 2025) et de fin de contrat (22 juin 2025).
Dates de vos arrêts de travail.
Le fait que l'employeur n'a plus à vous verser de salaire depuis le 22 juin 2025.
Le fait qu'il a transmis des attestations de salaire le 1er juillet 2025 avec une demande de subrogation abusive jusqu'en septembre 2028.
Exigez le versement des IJ directement sur votre compte et la cessation immédiate des paiements à l'employeur.
Demandez expressément une copie de l'attestation de salaire transmise par l'employeur avec la demande de subrogation abusive. Vous avez le droit d'obtenir les documents vous concernant et qui ont des incidences sur vos droits. Mentionnez que vous avez besoin de ce document pour votre procédure prud'homale. Citez l'article L. 114-14 du Code de la Sécurité Sociale qui dispose que les organismes de sécurité sociale peuvent communiquer les informations nécessaires à la liquidation des droits de l'assuré.
Plainte pour fraude / Abus de confiance : Une fois les preuves collectées, une plainte pour fraude ou abus de confiance pourrait être envisagée contre l'employeur, car il a perçu des fonds qui vous étaient destinés.
2. Validité de l'enregistrement audio devant les Prud'hommes en référé
Oui, vous pouvez potentiellement produire cet enregistrement devant le Conseil de Prud'hommes en référé.
Principe : La Cour de Cassation a assoupli sa position. Un enregistrement clandestin d'une conversation peut être recevable comme preuve en justice si sa production est indispensable à la preuve d'un droit et si l'atteinte à la vie privée est proportionnée au but poursuivi.
Conditions de recevabilité :
L'enregistrement doit être réalisé par l'une des parties à la conversation (ce n'est pas l'interception d'une conversation entre tiers). Si c'est vous qui avez enregistré votre conversation avec le RH, c'est recevable sous conditions.
L'enregistrement doit être indispensable pour prouver la fraude dont vous êtes victime.
Il ne doit pas porter atteinte à la vie privée de l'interlocuteur au-delà de ce qui est nécessaire pour la preuve. Dans un contexte professionnel et sur des faits de fraude relatifs à l'entreprise, il est fort probable que cela soit jugé proportionné.
Conseil : C'est une preuve forte, mais son admissibilité finale sera appréciée par le juge au cas par cas. Ne sous-estimez pas sa valeur.
3. Utilisation de votre espace Ameli
Le fait que votre espace Ameli (ou le relevé de prestations de la CPAM) montre que les paiements ont été faits à l'employeur est une preuve écrite indirecte précieuse. Conservez et imprimez ces relevés. Ils prouvent que les IJ ont été versées, et si la CPAM refuse de vous fournir la demande de subrogation, ce relevé peut être un début de preuve devant le juge.
4. Actions devant le Conseil de Prud'hommes en référé
Vous devez agir rapidement aux Prud'hommes, en parallèle de vos démarches auprès de la CPAM.
Référé prud'homal : Le référé permet d'obtenir des mesures rapides en cas d'urgence ou de difficulté d'exécution.
Demande de documents de fin de contrat : Vous pouvez demander à l'employeur de vous remettre sous astreinte (une somme due par jour de retard) votre certificat de travail, attestation Pôle emploi, et solde de tout compte. Il y est légalement tenu.
Demande de paiement des IJ non reversées et autres indemnités : Vous pouvez demander en référé le paiement des IJ perçues par l'employeur et non reversées, ainsi que les indemnités de mars que vous mentionnez. Le juge des référés est compétent pour ordonner le paiement de sommes non sérieusement contestables.
Utilisation de l'enregistrement : Oui, vous produirez cet enregistrement comme pièce à l'appui de votre demande de paiement des IJ et pour démontrer la mauvaise foi de l'employeur.
Récapitulatif des actions urgentes :
Immédiatement : Envoyez la lettre recommandée avec accusé de réception à la CPAM (service prestations maladies) pour contester la subrogation, demander le versement direct de vos IJ, et exiger la copie de l'attestation de subrogation.
Parallèlement : Contactez d'urgence un avocat spécialisé en droit du travail. Il pourra :
Vous aider à rédiger les courriers à la CPAM.
Monter et déposer votre dossier de référé devant le Conseil de Prud'hommes. C'est crucial pour obtenir rapidement vos documents de fin de contrat et le paiement des sommes qui vous sont dues.
Vous conseiller sur la recevabilité de votre enregistrement et la meilleure façon de le produire.
La situation est grave car vous êtes privée de ressources essentielles. Ne restez pas isolée face à l'employeur et aux difficultés avec la CPAM. Le recours à un avocat est ici indispensable.
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