Cher Monsieur,
Je comprends votre frustration et le sentiment d'injustice que vous ressentez face à cette situation complexe. Il est très difficile de naviguer dans les méandres administratifs, surtout quand on pense avoir été lésé.
Sur l'obligation du Préfet de signaler au Procureur (Article 40 du Code de Procédure Pénale)
Vous posez une question fondamentale sur l'article 40 du Code de Procédure Pénale (CPP).
Le principe : Oui, l'article 40 du CPP impose à "Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit" d'en aviser sans délai le procureur de la République.
L'application à votre cas : Pour que le Préfet ait eu l'obligation de faire un signalement, il aurait fallu qu'il acquière la connaissance (c'est-à-dire qu'il ait une certitude ou au moins des indices sérieux) qu'un crime ou un délit (ici, le faux intellectuel) a été commis par un médecin de l'OFII.
C'est là que réside la nuance :
Le fait que vous ayez fourni un document qui, selon vous, "représente potentiellement l'infraction du faux intellectuel" ne signifie pas nécessairement que le Préfet a eu la certitude légale ou les indices suffisants d'une infraction pénale.
Le Préfet a probablement réexaminé votre demande de titre de séjour sous l'angle du droit des étrangers (en l'occurrence, le motif médical) et non sous l'angle d'une potentielle infraction commise par un fonctionnaire. Son rôle premier n'est pas d'enquêter sur les délits présumés des fonctionnaires, mais d'appliquer la réglementation sur les titres de séjour.
Est-ce "normal" qu'il n'ait pas fait de signalement ? Si le Préfet n'a pas estimé, avec les éléments en sa possession, qu'une infraction pénale était caractérisée, alors il n'avait pas l'obligation de signalement au sens strict de l'article 40 du CPP. Il peut avoir considéré que le document relevait d'une erreur d'appréciation médicale ou d'une divergence d'avis, et non d'une intention frauduleuse de commettre un faux.
Recommandations et démarches à suivre
Face à une OQTF non annulée et un possible faux, voici mes recommandations :
N'attendez pas l'abrogation de l'OQTF par le Préfet :
Le Préfet a déjà refusé d'annuler l'OQTF malgré l'intervention de la députée. Demander à nouveau l'abrogation de l'OQTF sur la base du même document risque fort d'aboutir au même résultat.
De plus, une OQTF assortie d'un délai de 30 jours (datant de juin 2023) est devenue définitive si elle n'a pas été contestée dans les délais devant le tribunal administratif. Si vous ne l'avez pas contestée, elle est exécutoire. Une abrogation est une démarche exceptionnelle.
Concentrez-vous sur la contestation judiciaire du "faux intellectuel" :
C'est la voie la plus appropriée si vous êtes convaincu(e) de cette infraction.
Portez plainte pour "faux intellectuel" :
C'est à vous, en tant que victime potentielle, de porter plainte. Adressez une plainte avec constitution de partie civile directement au Doyen des juges d'instruction du Tribunal Judiciaire de Paris (car il s'agit d'un médecin de l'OFII, organisme national).
Dans cette plainte, vous devrez détailler précisément en quoi le document constitue un faux intellectuel (quelles informations sont fausses ou omises intentionnellement, et en quoi cela a eu un impact sur la décision).
Joignez tous les documents prouvant l'infraction (le document en question, vos dossiers médicaux antérieurs et postérieurs qui contredisent ce faux, la décision de l'OFII, le refus de titre de séjour).
Le dépôt d'une plainte avec constitution de partie civile force l'ouverture d'une information judiciaire et la désignation d'un juge d'instruction, qui enquêtera.
C'est une procédure longue et complexe qui nécessite impérativement l'assistance d'un avocat.
Consultez un avocat spécialisé :
Urgent : Vous avez besoin d'un avocat expert en droit pénal (pour le faux) et en droit des étrangers. Seul un avocat pourra évaluer la solidité de votre preuve du "faux intellectuel".
Il vous guidera sur la meilleure stratégie : soit se concentrer sur le "faux", soit tenter de rouvrir votre dossier de titre de séjour si l'existence du faux est prouvée et qu'il a eu un impact déterminant sur le refus initial.
L'impact du "faux" sur votre titre de séjour (si prouvé) :
Si le faux est prouvé (par une enquête judiciaire ou une décision de justice), cela pourrait potentiellement remettre en cause la base de la décision de refus de titre de séjour et de l'OQTF. Cependant, cela ne les annule pas automatiquement. Il faudrait alors, avec l'avis de votre avocat, envisager un recours en révision de la décision du Préfet ou une nouvelle demande de titre de séjour en invoquant ce fait nouveau majeur.
Mais la priorité est de prouver le faux.
Que faire concernant la députée ?
La députée est intervenue de bonne foi mais n'a probablement pas la compétence pour qualifier une infraction pénale. Son rôle est d'intercéder, pas d'instruire un dossier pénal.
Vous pouvez lui envoyer un dernier email pour l'informer que vous allez porter plainte pour "faux intellectuel" contre le médecin de l'OFII et la remercier pour son aide, sans attendre d'action de sa part sur le plan pénal.
Votre situation est très difficile. La clé est de ne pas vous épuiser sur des démarches qui n'aboutiront pas (comme la nouvelle demande d'abrogation au Préfet), et de vous concentrer sur la plainte pour faux avec l'aide d'un avocat.
Merci d'indiquer que j'ai répondu à votre question en cliquant sur le bouton vert de ma réponse.
Mustapha2 #Numéro de téléphone# 5. |
Maître
Merci beaucoup
Cordialement
il y a 1 jour
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