Bonjour ,
Votre question est très pertinente et soulève un enjeu majeur pour les couples en concubinage. Vous avez bien identifié le problème principal : en cas de décès de l’un de vous, sa part (50 %) reviendra à ses enfants, qui sont ses héritiers légaux, et non au survivant. Le survivant se retrouverait alors en situation d’indivision avec ses beaux-enfants, ce qui est une situation très délicate.
Vous avez raison, la clause de tontine est normalement insérée dès l’achat. Heureusement, il existe des alternatives.
Les alternatives juridiques et fiscales
Voici les options possibles dans votre situation, avec leurs avantages et leurs inconvénients.
1. Le testament
C'est la solution la plus simple et la moins coûteuse à mettre en place. Chacun de vous rédige un testament et lègue sa part du bien immobilier à l'autre.
Avantages : C'est facile et peu cher (rédaction chez un notaire, ou même par acte sous seing privé).
Inconvénients : C'est la solution la plus risquée et la plus coûteuse fiscalement.
Héritiers réservataires : Vos enfants sont des "héritiers réservataires". La loi leur réserve une part de votre succession. Vous ne pouvez donc léguer à votre concubin que la quotité disponible, c’est-à-dire une fraction de votre patrimoine.
Fiscalité : En tant que concubin, le survivant devra s'acquitter de droits de succession de 60 % sur la valeur de la part qu’il reçoit, après un abattement très faible de 1 594 €. C'est un coût fiscal très élevé.
2. La clause de tontine (via revente/rachat)
Bien qu'elle ne soit pas prévue dans l'acte initial, vous pouvez techniquement mettre en place une tontine en procédant à un nouvel acte notarié de revente et de rachat.
Avantages : C'est la solution la plus sécurisante juridiquement. Si l’un de vous décède, le survivant est considéré comme ayant toujours été l’unique propriétaire du bien. Les enfants n’ont aucun droit sur la part du défunt. La fiscalité est plus avantageuse que le testament si la valeur du bien est élevée.
Inconvénients : C'est la solution la plus coûteuse à mettre en place. Un nouvel acte de vente entraîne des frais de notaire et des taxes (droits d'enregistrement), ce qui représente environ 7 à 8 % de la valeur du bien.
3. La création d'une Société Civile Immobilière (SCI)
Il s'agit d'une solution plus complexe, mais qui offre une grande flexibilité et de la sécurité. Vous pouvez créer une SCI, y apporter le bien immobilier, puis chacun de vous détiendrait la moitié des parts de la société.
Avantages : Vous pouvez rédiger les statuts de la SCI pour prévoir les conditions de transmission des parts au survivant (par exemple, en prévoyant le démembrement croisé des parts). Cela peut être fiscalement plus avantageux à long terme. La SCI permet d'éviter l'indivision en cas de décès.
Inconvénients : La création et la gestion d'une SCI sont plus complexes et plus coûteuses que les autres options (frais de création, comptabilité, assemblées générales).
4. La convention d'indivision
Une convention d'indivision permet de s'entendre sur les règles de gestion du bien (qui paie quoi, qui fait les travaux, etc.), mais elle ne règle pas le problème de la transmission en cas de décès. Le décès mettra fin à la convention et la part du défunt reviendra toujours à ses enfants. C'est donc une solution à écarter pour votre objectif principal.
Résumé comparatif
OptionSécurité juridiqueCoût de mise en placeCoût fiscalComplexité
TestamentFaible (enfants réservataires)FaibleTrès élevé (60%)Faible
Tontine (revente)Très élevéTrès élevé (7-8 %)Faible (pour le concubin)Moyenne
SCIÉlevéÉlevéVariable (peut être optimisé)Élevé
Notre conseil
Étant donné la complexité de votre situation, la meilleure chose à faire est de consulter un notaire. C'est le professionnel le plus qualifié pour vous conseiller. Il pourra analyser votre situation familiale et financière dans son intégralité et vous orienter vers la solution la plus adaptée et la plus avantageuse pour vous, que ce soit la tontine ou la SCI.
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