Chère madame,
Votre situation est délicate, mais voici une réponse synthétique et argumentée à vos questions :
1. Est-il possible de régulariser ma situation actuelle en CDD de manière rétroactive ?
Très improbable, voire impossible.
Principe de l'autorisation de travail : Votre carte de séjour "salarié" est liée à votre ancien employeur et poste. Pour un nouvel employeur, une nouvelle autorisation de travail est généralement requise, même avec un CDD. Travailler sans cette autorisation, c'est du travail non autorisé (souvent qualifié de travail dissimulé pour l'employeur).
Non-rétroactivité : Les autorisations de travail sont par nature prospectives (pour l'avenir). Obtenir une autorisation rétroactive pour un emploi déjà exercé illégalement est exceptionnel et ne correspond généralement pas à votre cas de figure (vous avez déjà un titre de séjour valide).
2. Est-il possible de poursuivre ou éventuellement modifier la demande en cours concernant le futur CDI ?
Oui, c'est la meilleure et la plus logique des démarches.
Poursuite de la demande CDI : Concentrez-vous sur la validation et l'aboutissement de cette demande. C'est le plus important pour votre future stabilité professionnelle et administrative. La demande pour le CDI vise à légaliser votre situation pour un emploi stable et durable.
Pas de modification nécessaire : Il n'est pas nécessaire de modifier la demande en cours pour y inclure le CDD passé ou actuel. L'administration évaluera la demande pour le CDI en fonction des critères applicables à ce type de contrat.
3. Est-il possible de déposer deux demandes distinctes, l'une pour le CDD actuel et l'autre pour le CDI à venir ?
Non, fortement déconseillé pour le CDD.
Inutilité et risque : Déposer une demande pour un CDD en cours (qui pourrait se terminer avant même l'étude de la demande) ou pour une période déjà travaillée sans autorisation, risquerait d'attirer inutilement l'attention sur l'irrégularité passée, sans apporter de solution concrète. Cela pourrait même complexifier l'examen de votre dossier pour le CDI.
En synthèse et avec argumentation :
Votre priorité absolue est de vous concentrer sur la validation et l'obtention de l'autorisation de travail pour le futur CDI. C'est le contrat qui vous apportera une situation professionnelle stable et conforme à votre titre de séjour "salarié".
La période où vous avez travaillé en CDD sans autorisation est une irrégularité passée. L'administration ne régularise pas rétroactivement ces situations dans un cadre standard. Bien que cela puisse être noté lors de l'examen de votre dossier CDI, le fait que vous ayez une carte de séjour valide, que votre employeur soit de bonne foi et qu'il y ait eu une erreur d'information peut être pris en compte. Mettez en avant la solidité et la pérennité de votre futur emploi en CDI.
Au vu de la complexité de la situation et des risques potentiels liés à la période de travail non autorisée, il est impératif de consulter un avocat spécialisé en droit des étrangers ou une association d'aide juridique aux étrangers (comme le GISTI ou la CIMADE) dans les plus brefs délais. Ils pourront examiner votre dossier complet, évaluer précisément les risques et vous conseiller sur la meilleure stratégie à adopter avec la préfecture et la DREETS.
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il y a 19 heures
Bonjour,
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il y a 11 heures
Bonjour Maître,
Je vous remercie pour votre réponse très complète.
J’aurais simplement besoin de clarifier un point :
Comment faire savoir à l’administration notre bonne foi si je n’arrive pas à joindre les autorités competentes?
Par ailleurs, est-il conseillé de suspendre, voire de rompre mon contrat actuel afin d’éviter de complexifier davantage la situation ?
Bien à vous,
il y a 9 heures
Pour faire savoir à l'administration votre bonne foi, il est recommandé de formaliser votre démarche par écrit. Vous pouvez rédiger un courrier dans lequel vous expliquez votre situation, les efforts que vous avez fournis pour joindre les autorités compétentes, et votre volonté de coopérer. Ce courrier peut être envoyé en recommandé avec accusé de réception pour conserver une preuve de votre démarche.
Concernant la suspension ou la rupture de votre contrat, il est important de noter que la rupture d'un contrat de travail peut avoir des conséquences juridiques significatives. Selon la jurisprudence, si un salarié prend l'initiative de la rupture de son contrat en raison de circonstances qui rendent impossible la poursuite de la relation de travail, l'imputabilité de cette rupture peut être attribuée à l'employeur si des éléments justifient cette décision (Cass. Soc. 17 Décembre 1985 n°83-41.585).
Il est donc conseillé de bien évaluer votre situation avant de prendre une telle décision. Une consultation avec un avocat spécialisé en droit du travail pourrait vous apporter des conseils adaptés à votre situation spécifique.
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