Chère Madame,
Je comprends parfaitement vos interrogations. Votre situation de ressortissante russe titulaire d'un titre de séjour "salarié" de 4 ans implique des règles spécifiques en matière de changement d'emploi, de chômage et de réorientation.
Voici des réponses détaillées à vos questions :
1. Changement d'employeur avec un titre de séjour "salarié"
Votre titre de séjour "salarié" pluriannuel vous offre une certaine stabilité, mais un changement d'employeur reste encadré.
Dois-je solliciter une nouvelle autorisation de travail pour ce changement d’employeur ?
Non, en principe, si vous êtes titulaire d'un titre de séjour pluriannuel "salarié", vous n'avez pas besoin de demander une nouvelle autorisation de travail (ou un nouveau titre de séjour) pour un simple changement d'employeur.
Votre titre "salarié" pluriannuel vous autorise à travailler en France sans avoir à repasser par la procédure complète de demande d'autorisation de travail à chaque changement d'employeur, comme cela pouvait être le cas avec les anciens titres "carte de séjour temporaire portant la mention salarié" qui étaient liés à un employeur unique.
Cependant, vous devez informer la préfecture de ce changement d'employeur.
Les critères du nouvel emploi (secteur d’activité, niveau de salaire, etc.) doivent-ils obligatoirement correspondre à ceux de mon emploi actuel ?
Pour un titre pluriannuel "salarié", il n'y a pas d'obligation stricte de rester dans le même secteur ou avec le même niveau de salaire, tant que l'emploi reste compatible avec la catégorie "salarié" et que vous maintenez une activité professionnelle stable et rémunérée.
Niveau de salaire : Votre rémunération doit rester au moins au niveau du SMIC (Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance) légal, ou du salaire minimum conventionnel si applicable. Une rémunération insuffisante pourrait être un problème lors du renouvellement de votre titre.
Secteur d'activité/nature de l'emploi : Un changement de secteur ou de poste n'est généralement pas un problème en soi. L'important est que le nouvel emploi corresponde aux critères du titre "salarié" (CDI, CDD d'au moins 12 mois, ou autres contrats répondant aux critères du droit du travail pour les étrangers). La préfecture s'assurera que vous continuez à justifier de ressources stables et suffisantes provenant d'une activité salariée.
Existe-t-il un seuil de rémunération minimum à respecter pour que le changement d’employeur soit accepté ?
Oui, comme mentionné ci-dessus, le SMIC (Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance) est le seuil minimum légal de rémunération en France. Votre salaire doit être au moins égal au SMIC. Si le nouvel emploi propose une rémunération inférieure, cela pourrait compliquer votre situation, notamment lors du renouvellement de votre titre de séjour, car vous devriez justifier de ressources suffisantes pour vivre en France.
2. Combien de temps ai-je le droit de rester sans emploi tout en conservant la validité de mon titre de séjour ?
Votre titre de séjour "salarié" pluriannuel est lié à votre situation professionnelle. Cependant, la loi française prévoit des dispositions pour les périodes de chômage :
Période légale : Votre titre de séjour "salarié" reste valable si vous êtes involontairement privé(e) d'emploi (suite à une démission pour suivre un conjoint, ou si vous êtes licencié par exemple) et que vous êtes inscrit(e) à France Travail (anciennement Pôle emploi) et indemnisé(e).
Durée maximale : La validité de votre titre de séjour est maintenue pendant la période durant laquelle vous avez droit aux allocations chômage.
Si votre titre expire pendant cette période : Vous pouvez demander le renouvellement de votre titre de séjour, même si vous êtes au chômage, à condition de justifier de votre inscription à France Travail et de la perception de vos allocations. Le titre est généralement renouvelé pour la durée de vos droits à l'indemnisation, dans la limite de la durée de votre titre actuel ou d'un an (article L. 432-6 du CESEDA).
Si vos droits au chômage cessent avant la fin de votre titre : Vous devez retrouver un emploi avant la fin de validité de votre titre. Si vous n'avez plus de droits au chômage et pas d'emploi, votre situation deviendra plus précaire au moment du renouvellement.
En cas de démission : Une démission est généralement considérée comme une privation volontaire d'emploi, ce qui n'ouvre pas droit aux allocations chômage, sauf dans certains cas spécifiques de "démission légitime" (ex: suivi de conjoint, création d'entreprise sous certaines conditions). Si vous démissionnez sans que cela soit considéré comme une démission légitime, vous ne percevrez pas d'allocations chômage, ce qui rendra votre période sans emploi plus difficile à justifier pour le maintien ou le renouvellement de votre titre.
3. Réorientation vers un autre domaine d’activité avec une formation en alternance
C'est une situation un peu plus complexe car elle implique un changement de statut ou de régime d'emploi.
Avec votre titre "salarié" actuel : Un contrat d'alternance (contrat d'apprentissage ou de professionnalisation) est un type de contrat de travail. Cependant, il est spécifiquement lié à une formation.
En principe, votre titre "salarié" vous autorise à travailler. La question est de savoir si un contrat d'alternance dans un nouveau secteur serait considéré comme une continuité de votre statut de salarié classique ou comme une modification substantielle nécessitant une nouvelle autorisation.
Le principal obstacle n'est pas tant le titre "salarié" en lui-même, mais l'obtention de l'autorisation de travail pour le contrat d'alternance. Les entreprises doivent faire une demande d'autorisation de travail pour les étrangers en alternance, et celle-ci est soumise à l'appréciation de la situation de l'emploi dans la branche concernée.
Quelles démarches dois-je envisager pour rendre cela possible ?
Trouver l'entreprise d'accueil : C'est la première étape indispensable. L'entreprise devra être prête à vous embaucher en contrat d'alternance.
L'entreprise doit demander l'autorisation de travail : C'est l'employeur potentiel qui doit déposer la demande d'autorisation de travail auprès de la préfecture (ou de la DIRECCTE/DREETS, selon les modalités). Cette demande sera examinée au regard de la situation de l'emploi pour le métier visé et de la conformité du contrat d'alternance.
Justifier de la cohérence du projet : Vous devrez justifier que ce projet de réorientation est sérieux et cohérent (par exemple, que la formation vous apportera des compétences recherchées ou une meilleure insertion professionnelle).
Considérer un changement de statut (rarement nécessaire si l'alternance est un emploi) : Dans certains cas très spécifiques (si la formation est majoritaire et le travail secondaire), un changement de statut vers "étudiant" pourrait être envisagé, mais cela semble moins adapté si l'objectif est une "alternance" qui est un contrat de travail. Pour l'alternance, c'est généralement l'autorisation de travail qui est le point clé.
Anticiper le renouvellement : Si vous changez pour un contrat d'alternance, assurez-vous que ce nouveau type de contrat sera bien reconnu pour le renouvellement de votre titre "salarié" ou qu'un nouveau titre "salarié en alternance" vous sera délivré.
Conseil important : Avant toute démission, et surtout pour un projet de formation en alternance dans un nouveau domaine, il est fortement recommandé de contacter la préfecture (service des étrangers) ou le service juridique d'une association spécialisée dans le droit des étrangers. Ils pourront vous donner des conseils précis basés sur votre dossier et les pratiques de votre préfecture, qui peuvent parfois varier légèrement. Un avocat spécialisé en droit des étrangers pourrait également vous accompagner.
Merci d'indiquer que j'ai répondu à votre question en cliquant sur le bouton vert de ma réponse.
Cliquez ici pour commenter la réponse ci-dessus