Bonjour,
Je comprends parfaitement votre détresse et votre sentiment d'injustice face à ce licenciement, d'autant plus que vous vous êtes sentie agressée. C'est une situation traumatisante.
Le fait que votre représentante syndicale vous ait découragée est frustrant, mais il est tout à fait légitime de vouloir un second avis.
Je vais donc distinguer plusieurs points dans votre situation.
Le licenciement pour faute grave : Principes juridiques
Le licenciement pour faute grave est le motif de licenciement le plus lourd. Il prive le salarié d'indemnité de préavis, d'indemnité de licenciement et d'indemnité compensatrice de congés payés. Il doit reposer sur un motif d'une gravité telle qu'elle rend impossible le maintien du salarié dans l'entreprise, même pendant la durée du préavis.
L'employeur doit prouver la faute grave. En cas de litige, c'est le Conseil de Prud'hommes qui appréciera si les faits reprochés constituent réellement une faute grave.
Analyse de votre situation au regard du licenciement pour faute grave
Votre situation présente plusieurs éléments qui méritent d'être défendus devant le Conseil de Prud'hommes :
L'agression initiale de la cliente :
Vous avez été victime d'une agression verbale persistante.
Vous avez été victime d'une agression physique (tirage de cheveux certain, possible gifle). C'est un point capital.
Ces agressions se sont déroulées dans le cadre de votre travail, mettant en cause la sécurité et la santé au travail que votre employeur est censé garantir (obligation de sécurité de résultat de l'employeur).
La légitime défense / la riposte proportionnée :
Votre réaction ("tirer les cheveux à mon tour") s'est produite immédiatement après avoir été agressée physiquement.
Le droit reconnaît la légitime défense. Même si en droit du travail, on parle plus souvent de "riposte proportionnée" ou de "comportement non excessif face à une provocation/agression".
Un acte de violence de la part d'un salarié peut être justifié ou atténué s'il constitue une riposte immédiate et proportionnée à une ag agression ou provocation grave. Le fait que vous ayez été "sous le choc" et ayez réagi "instinctivement" est un argument majeur.
La disproportion de la sanction :
Le licenciement pour faute grave est la sanction la plus lourde. Le Conseil de Prud'hommes apprécie la proportionnalité de la sanction par rapport à la faute.
Face à une agression caractérisée subie par une salariée, licencier pour faute grave la victime qui a eu une réaction instinctive peut être considéré comme disproportionné.
Le fait que la cliente soit mineure est un élément à prendre en compte, mais ne justifie pas en soi l'agression et n'ôte pas votre droit à vous défendre. L'employeur aurait dû aussi prendre des mesures pour protéger son personnel face à cette cliente.
Le contexte professionnel :
Vous étiez au travail, dans votre rôle d'hôtesse de caisse.
La question de la gestion des clients difficiles et de la protection des salariés par l'employeur peut être soulevée. Quelles consignes ? Quelle formation ? Quel accompagnement ?
Est-il possible d'engager un recours devant le Conseil de Prud'hommes ?
Oui, absolument ! Il est tout à fait possible, et même fortement conseillé dans votre situation, d'engager un recours devant le Conseil de Prud'hommes.
L'avis de votre représentante syndicale ("ça ne valait pas la peine") est discutable et n'engage en rien la décision du Conseil de Prud'hommes. Les syndicats, bien qu'utiles, peuvent parfois être frileux face à des dossiers qu'ils estiment "compliqués" ou dont l'issue n'est pas certaine.
Votre dossier présente des arguments solides pour contester la faute grave et demander :
Le paiement de vos indemnités de rupture (préavis, licenciement, congés payés) dont la faute grave vous a privée.
Des dommages et intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse (si la faute grave n'est pas reconnue ou si la sanction est jugée disproportionnée).
Éventuellement, des dommages et intérêts pour le préjudice subi du fait de l'agression et du manquement de l'employeur à son obligation de sécurité.
Que faire maintenant ?
Rassemblez toutes les preuves :
La lettre de convocation à entretien préalable et la lettre de licenciement.
Tous les écrits échangés avec l'employeur.
Des témoignages si des collègues ou des clients ont assisté à la scène ou à la réaction.
Si un dépôt de plainte a été fait contre la cliente (par vous ou par l'employeur), la preuve.
Tous les éléments qui prouvent votre bonne conduite habituelle au travail (évaluations, ancienneté, absence d'antécédents disciplinaires).
Consultez un avocat spécialisé en droit du travail :
C'est l'étape la plus importante. Un avocat pourra analyser précisément votre situation, la lettre de licenciement, les éléments de preuve et vous donner un avis juridique éclairé sur vos chances de succès.
Il pourra vous expliquer la procédure devant le Conseil de Prud'hommes et vous représenter.
Ne restez pas sur le sentiment de double peine. Votre employeur a une obligation de sécurité envers vous, et votre réaction, dans un contexte d'agression, doit être appréciée avec nuance.
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il y a 7 heures
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