Bonjour,
La décision du juge des référés de la cour administrative d’appel est une excellente nouvelle pour vous, car elle indique très clairement que le juge est sceptique quant aux arguments de la préfecture et de l'OFII. Le ton des "remarques" est même plutôt favorable à votre situation.
Analysons la situation et les marges de manœuvre dont dispose encore la préfecture.
Analyse de la décision du juge
Le juge a identifié les deux piliers essentiels pour l'obtention d'un titre de séjour "vie privée et familiale" pour soins (ancien article L.313-11 6° CESEDA, maintenant L.423-22) :
L'indisponibilité ou la non accessibilité effective du traitement dans le pays d'origine.
La gravité exceptionnelle des conséquences d'un défaut de traitement.
Le juge estime que l'avis de l'OFII de 2022, qui se base sur la simple disponibilité théorique du traitement en Tunisie, ne suffit pas à rejeter votre demande. Il relève des obstacles concrets qui rendent l'accès au traitement non effectif pour vous :
Procédures administratives lourdes (accord préalable de la CNAM).
Monopole d'importation (entraînant des délais et des pénuries potentielles).
Coût élevé (le rendant potentiellement inaccessible financièrement).
En soulignant que l'absence de traitement aurait des conséquences d'une exceptionnelle gravité, le juge renforce encore plus la nécessité de vous maintenir en France sous peine de porter une atteinte grave et disproportionnée à votre droit à la vie.
Les marges de manœuvre de la préfecture (et comment elles sont très réduites)
La préfecture est contrainte par la décision du juge. Elle ne peut pas simplement rejeter à nouveau votre demande pour les mêmes motifs. Ses marges de manœuvre sont désormais très limitées :
Obéir à l'injonction du juge : La préfecture doit réexaminer votre dossier. Elle ne peut pas ignorer la décision.
Demander un NOUVEL avis à l'OFII : C'est la manœuvre la plus probable. La préfecture va très certainement demander à l'OFII de mettre à jour son avis de 2022 en prenant en compte les éléments soulevés par le juge (accessibilité effective, coût, procédures). La préfecture est liée par l'avis médical de l'OFII, mais cet avis doit désormais être bien plus détaillé.
Les scénarios possibles pour la préfecture :
Scénario 1 (Le plus favorable) : L'OFII, sous la pression des remarques du juge, rend un nouvel avis reconnaissant que l'accès au traitement n'est pas effectif en Tunisie dans votre cas spécifique. La préfecture n'aurait alors d'autre choix que de vous délivrer le titre de séjour.
Scénario 2 (Le plus probable) : L'OFII maintient son avis négatif mais doit cette fois-ci le motiver de manière extrêmement solide et détaillée, en répondant point par point aux obstacles soulevés par le juge (ex: "Malgré le monopole, les délais d'obtention sont de X semaines", "La CNAM accorde systématiquement l'accord", "Le coût est entièrement pris en charge par tel dispositif").
Scénario 3 (Le plus risqué) : Sur la base d'un nouvel avis négatif (mais très motivé) de l'OFII, la préfecture vous refuse à nouveau le titre de séjour.
Que faire si la préfecture refuse à nouveau (Scénario 3) ?
Si la préfecture émet un nouveau refus, vous serez dans une position extrêmement forte pour gagner un recours contentieux définitif.
Vous pourrez attaquer ce nouveau refus devant le tribunal administratif.
Vous devrez montrer que la préfecture et l'OFII n'ont pas pris en compte les remarques du juge des référés et que leur nouvelle décision est toujours insuffisamment motivée au regard des obstacles réels à l'accès aux soins en Tunisie.
Le juge du fond, qui aura sous les yeux la décision favorable du juge des référés, sera très sensible à vos arguments. La charge de la preuve pèse désormais davantage sur l'administration.
Recommandations urgentes
Ne restez pas passif. Profitez de ce délai d'un mois pour constituer un dossier solide à envoyer à la préfecture.
Apportez des preuves concrètes pour étayer les arguments du juge :
Contactez des associations médicales en Tunisie (ou faites-le faire par votre avocat) pour avoir des attestations sur les délais réels d'obtention du traitement, les pénuries fréquentes, etc.
Renseignez-vous officiellement sur le coût exact du traitement et des soins associés en Tunisie, et comparez-le avec vos ressources potentielles là-bas.
Demandez à votre médecin traitant en France une attestation très précise sur l'urgence vitale et les conséquences gravissimes d'une interruption du traitement.
Consultez immédiatement un avocat spécialisé en droit des étrangers. Il pourra vous aider à préparer ce dossier pour la préfecture et sera prêt à attaquer un éventuel nouveau refus dans les règles de l'art. La décision du juge des référés est une victoire cruciale, mais il faut maintenant consolider votre position.
En résumé : Les marges de manœuvre de la préfecture sont très réduites. Elle doit soit vous donner le titre, soit motiver un nouveau refus de manière extrêmement solide, ce qui sera difficile et que vous pourrez ensuite contester avec de fortes chances de succès.
C'est un moment décisif. Agissez rapidement et avec l'aide d'un professionnel.
Je reste à votre disposition pour vous conseiller et vous assister.
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il y a 14 heures
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