Bonjour,
Votre Situation au Regard du Temps de Pause et de la Convention Collective
Votre question est très pertinente et touche à un point clé du droit du travail concernant le temps de pause. La situation que vous décrivez, où votre temps de pause n'est pas rémunéré alors que votre activité est celle d'un centre d'appel, est potentiellement illégale.
En droit du travail français, l'article L. 3121-33 du Code du travail dispose que dès que le temps de travail quotidien atteint six heures, le salarié doit bénéficier d'un temps de pause d'une durée minimale de vingt minutes consécutives.
Concernant la rémunération de ce temps de pause, le principe général est qu'il n'est pas rémunéré, sauf si le salarié reste à la disposition de l'employeur ou si une convention collective, un accord d'entreprise ou le contrat de travail en dispose autrement.
Cas Spécifique des Centres d'Appels
C'est là que votre situation devient particulière. La jurisprudence et certaines conventions collectives reconnaissent que dans un centre d'appels, la nature même de l'activité (contrainte, rythme soutenu, surveillance constante) fait que le temps de pause peut être considéré comme du temps de travail effectif, même si le salarié ne répond pas directement au téléphone. La raison est que le salarié reste souvent "à la disposition" de l'employeur, soumis à des contraintes de rythme et de présence qui ne lui permettent pas de disposer librement de son temps.
De plus, il existe des accords de branche spécifiques aux centres d'appels qui peuvent prévoir la rémunération des pauses. La Convention Collective Nationale des Télécommunications (qui ne s'applique pas à l'immobilier, mais sert de référence pour les activités de centres d'appels) ou certains accords d'entreprise dans le secteur des centres d'appels prévoient souvent une rémunération des pauses.
Votre Cas : Convention Collective de l'Immobilier vs. Activité Réelle
Le cœur du problème réside dans le fait que vous relevez de la Convention Collective de l'Immobilier, mais que votre activité est celle d'un centre d'appel.
Vérifiez votre Convention Collective : La première chose à faire est de vérifier précisément si la Convention Collective de l'Immobilier contient des dispositions spécifiques sur le temps de pause dans les activités de type "centre d'appels" ou pour les salariés soumis à des contraintes similaires. C'est peu probable si elle n'est pas spécifiquement conçue pour des activités de centre d'appels.
La Primauté de l'Activité Réelle (parfois) : Si votre convention collective ne dit rien de spécifique sur les centres d'appels, la question se pose de savoir si le Code du travail ou la jurisprudence spécifique aux centres d'appels doit s'appliquer. Le fait que vos propres responsables qualifient votre service de "centre d'appel classique" est un argument fort.
Temps de travail effectif et RTT :
Si vos pauses devraient être considérées comme du temps de travail effectif, alors vos 39 heures hebdomadaires devraient être intégralement rémunérées ou compensées.
Le fait que 39 heures soient comptabilisées en 37 heures (ce qui vous retire un jour de RTT par mois) suggère que vos 2 heures de pauses quotidiennes (sur une journée de 7h48 pour atteindre 39h/semaine) ne sont pas du tout prises en compte, ni en temps de travail ni en rémunération. Cela est problématique si ces pauses devraient légalement être rémunérées.
Est-ce Légal ?
Au vu de ce que vous décrivez, il y a de fortes chances que cette pratique ne soit pas légale pour votre service.
Le fait que :
Votre activité soit explicitement reconnue comme un centre d'appel par l'entreprise elle-même.
Les conditions de travail (tâches, objectifs, contraintes) soient celles d'un centre d'appel.
Le temps de pause ne soit pas comptabilisé comme du temps de travail effectif.
Tout cela suggère que votre employeur pourrait être en infraction avec la jurisprudence ou d'éventuels usages ou accords qui reconnaissent les spécificités du temps de pause en centre d'appels.
Que Pouvez-vous Faire ?
Vérifiez votre Convention Collective : Accédez à la version complète de votre Convention Collective de l'Immobilier (souvent disponible en ligne ou via votre employeur) et lisez attentivement les chapitres sur le temps de travail, les pauses, et les centres d'appels (s'il y en a).
Dialogue Interne (avec prudence) :
Si vous avez des représentants du personnel (CSE - Comité Social et Économique) dans votre entreprise, c'est le premier interlocuteur. Ils sont là pour défendre les droits des salariés et connaissent souvent les pratiques internes.
Vous pouvez poser la question à votre service des ressources humaines, en demandant des éclaircissements sur la politique des pauses au regard de l'activité de votre service.
Conseil Juridique Externe :
Le plus sûr est de consulter un avocat spécialisé en droit du travail ou un syndicat. Ils pourront analyser précisément votre situation, la convention collective applicable, et la jurisprudence pertinente pour les centres d'appels.
Un avocat pourra vous confirmer si vous êtes en droit de réclamer la rémunération de ces pauses (potentiellement rétroactivement sur 3 ans) et vous conseiller sur la meilleure stratégie à adopter (négociation avec l'employeur, saisine du Conseil de Prud'hommes).
Votre situation mérite d'être examinée de près, car un temps de pause non rémunéré dans un environnement de centre d'appel est souvent contestable.
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