Bonjour,
Votre situation est extrêmement douloureuse et complexe, d'autant plus que vos enfants ont été placés et que vous avez le projet de retourner vivre à l'étranger. Le fait que votre conjoint soit étranger hors UE ajoute une couche de complexité, notamment en matière de reconnaissance de décisions de justice et de déplacement d'enfants.
Il est impératif d'agir avec une stratégie claire et, surtout, d'être assistés par des avocats compétents en droit de la famille et, si possible, en droit international privé.
1. Contester le placement de vos enfants en France
Vous affirmez que le placement a été fait "abusivement". C'est le premier point à attaquer avec la plus grande détermination.
Quel type de placement ? Est-ce un placement administratif (décidé par le Président du Conseil Départemental, avec votre accord ou suite à une information préoccupante) ou judiciaire (décidé par le Juge des Enfants) ? Le type de placement détermine les voies de recours.
Recours contre la décision de placement :
Si c'est un placement judiciaire : Une décision du Juge des Enfants est susceptible d'appel. Vous avez un délai (généralement 15 jours) à compter de la notification de la décision pour faire appel devant la Cour d'appel. C'est votre avocat qui doit engager cette procédure. Le Juge des Enfants est celui qui a décidé du placement, et il est le seul compétent pour statuer sur les mesures de protection de vos enfants.
Si c'est un placement administratif : Vous pouvez adresser un recours gracieux au Président du Conseil Départemental, ou saisir le Juge des Enfants si vous estimez que la situation ne le justifie pas ou que les conditions ne sont pas respectées.
Les motifs de contestation : Votre avocat devra démontrer au juge que les conditions de vie de vos enfants ne justifient plus (ou n'ont jamais justifié) un placement. Il faudra prouver votre capacité à prendre soin de vos enfants, leur sécurité, leur développement, et l'existence d'un environnement familial sain.
Dénonciation calomnieuse : Le fait qu'une assistante sociale ait fait une dénonciation calomnieuse est un élément capital. Non seulement vous pouvez la poursuivre pénalement (ce qui est long et difficile), mais surtout, cela discrédite fortement les raisons du placement. Votre avocat doit absolument soulever ce point auprès du Juge des Enfants et demander à ce que cette faute soit prise en compte dans la réévaluation du placement.
2. Le retour avec vos enfants à l'étranger
C'est la partie la plus complexe si les enfants sont sous mesure de placement en France.
L'autorisation du Juge des Enfants est INDISPENSABLE : Tant que vos enfants sont placés par une décision judiciaire ou administrative en France, vous ne pouvez absolument pas les emmener à l'étranger sans l'accord explicite du Juge des Enfants. Tenter de le faire constituerait un enlèvement international d'enfants, une infraction pénale grave avec des conséquences potentiellement désastreuses (poursuites judiciaires, interdiction de revenir en France, et procédure de retour forcé des enfants en France via les Conventions internationales comme la Convention de La Haye de 1980 sur les aspects civils de l'enlèvement international d'enfants).
Le "Projet pour l'Enfant" (PPE) : Dans le cadre des mesures de placement, un Projet pour l'Enfant (PPE) est élaboré. Il doit inclure les objectifs, les modalités d'accompagnement et, potentiellement, un projet de retour à domicile. Ce PPE doit être discuté avec vous.
Plaider votre projet de vie à l'étranger :
Votre avocat devra présenter au Juge des Enfants un projet de vie détaillé et solide dans votre pays d'origine : prouver l'existence de vos maisons, voitures, et surtout, votre capacité à offrir un environnement stable, sécurisant et propice au développement de vos enfants là-bas.
Il faudra démontrer que le pays étranger offre un cadre de vie où les besoins de vos enfants seront satisfaits (école, accès aux soins, environnement social et familial).
Il faudra convaincre le juge que ce retour est dans l'intérêt supérieur de l'enfant, principe fondamental en matière de protection de l'enfance.
Il faudra aussi prouver que le système juridique et social de votre pays d'origine est en mesure d'assurer le suivi des enfants si nécessaire, et de reconnaître les décisions françaises.
3. Les droits de votre mari étranger (et les vôtres)
En tant que parents, vous avez tous deux l'autorité parentale. Le fait que votre mari soit étranger (hors UE) ne le prive pas de ses droits parentaux en France.
Mêmes droits que vous : Devant le Juge des Enfants, votre mari a les mêmes droits que vous en tant que parent : être entendu, être assisté d'un avocat, faire appel des décisions, proposer des solutions.
Situation migratoire : La situation migratoire de votre mari peut être un facteur pris en compte par le Juge des Enfants, mais elle ne doit pas être la raison principale du placement. Si son statut de séjour en France est lié à vous (par exemple, "vie privée et familiale"), le projet de retour à l'étranger est cohérent avec cette situation.
Droit à la vie familiale : La Convention européenne des droits de l'homme, Article 8 , protège le droit à une vie familiale normale. Le placement doit être proportionné et justifié par un danger réel et grave.
Démarches prioritaires et Conseils :
URGENCE : Prenez rendez-vous IMMÉDIATEMENT avec un avocat spécialisé en droit de la famille et protection de l'enfance. Si possible, trouvez-en un qui a également des compétences en droit international privé, étant donné le projet de retour à l'étranger et la nationalité de votre mari.
Rassemblez tous les documents :
Toutes les décisions de placement (Ordonnance de Placement Provisoire, Jugement du Juge des Enfants, courriers de l'ASE, rapports sociaux).
Les preuves de la dénonciation calomnieuse (si vous avez des documents officiels, témoignages, etc.).
Les preuves de votre projet de vie à l'étranger (titres de propriété, attestations d'emploi ou de revenus potentiels, etc.).
Les actes de naissance de vos enfants, votre livret de famille, vos pièces d'identité et celle de votre mari, ses titres de séjour en France.
Ne communiquez plus directement avec les services sociaux sans l'avis de votre avocat. Tout ce que vous dites peut être utilisé. Laissez votre avocat gérer les échanges.
Soyez irréprochables : Pendant cette période, il est crucial que vous et votre mari soyez irréprochables dans votre comportement et vos démarches. Suivez les règles de visites, les obligations fixées par les services sociaux, même si vous les contestez, pour ne pas donner de nouveaux arguments au juge.
Ne tentez aucune "auto-justice" : L'idée de brouilleur était à proscrire, et l'idée d'emmener les enfants sans autorisation est encore plus grave. Vous risqueriez de perdre définitivement la garde.
C'est une bataille difficile, mais la loi prévoit des voies de recours. Le soutien d'un avocat est essentiel pour naviguer dans ces procédures complexes et défendre au mieux les intérêts de vos enfants et vos droits parentaux.
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il y a 3 jours
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