Bonjour,
Je comprends que vous soyez dans une situation extrêmement difficile et que vous vous sentiez piégé. Être en dépression à cause du travail est une souffrance réelle, et le fait que votre employeur refuse systématiquement les ruptures conventionnelles complique encore les choses. Il est tout à fait légitime de ne pas vouloir démissionner pour ne pas perdre vos droits.
Voici les différentes options qui s'offrent à vous et les démarches que vous pouvez envisager :
1. Le rôle du médecin du travail et l'inaptitude
C'est une voie très importante quand la santé est impactée par le travail.
Consultez le médecin du travail : Vous êtes déjà en arrêt maladie et suivi pour dépression. C'est le moment de solliciter une visite auprès du médecin du travail. Expliquez-lui précisément votre situation, l'origine de votre mal-être lié au travail, et comment cela impacte votre santé.
Son rôle : Le médecin du travail est le seul habilité à prononcer une inaptitude au poste. Si votre état de santé (physique ou mental) ne vous permet plus d'occuper votre poste, il peut déclarer une inaptitude.
Conséquences de l'inaptitude :
Si le médecin du travail prononce une inaptitude (totale ou partielle, définitive ou temporaire) à votre poste, l'employeur a l'obligation de vous proposer un reclassement sur un autre poste compatible avec votre état de santé.
Si aucun reclassement n'est possible (ou si l'employeur ne propose pas de bonne foi un reclassement adapté), l'employeur est alors contraint de vous licencier pour inaptitude.
Ce licenciement donne droit à l'indemnité légale de licenciement (voire conventionnelle si elle est plus favorable) et aux allocations chômage, ce que vous cherchez précisément à ne pas perdre en ne démissionnant pas.
Action à mener : Prenez rendez-vous avec le médecin du travail et apportez-lui les justificatifs de votre suivi médical (sans dévoiler le contenu de vos consultations, juste l'existence du suivi).
2. Reconnaissance d'une maladie professionnelle ou d'un accident du travail
Votre dépression, si elle est directement liée à vos conditions de travail (harcèlement, pression, maltraitance, etc.), pourrait être reconnue.
Maladie professionnelle : La dépression n'est pas directement inscrite dans les tableaux des maladies professionnelles. Cependant, elle peut être reconnue comme maladie professionnelle hors tableau si vous prouvez :
Un lien direct et essentiel entre votre dépression et votre activité professionnelle.
Une incapacité permanente partielle (IPP) d'au moins 25% (évaluée par un médecin expert).
Un examen de votre dossier par un comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP).
Accident du travail (ou de trajet) : Certains événements spécifiques et brutaux survenus au travail (agression, choc émotionnel intense lié à un événement précis) peuvent être reconnus comme accident du travail s'ils ont entraîné directement votre dépression.
Dans le cas du harcèlement moral, il est plus courant de parler de maladie professionnelle hors tableau, mais un événement déclencheur très précis et datable peut parfois s'assimiler à un accident du travail.
Action à mener : Parlez-en à votre médecin traitant. Il est le seul à pouvoir remplir le formulaire de déclaration de maladie professionnelle ou d'accident du travail.
3. La dénonciation des faits de harcèlement moral
Si votre mal-être est dû à du harcèlement ou de la maltraitance, il est crucial d'agir.
Rassemblez des preuves : C'est la clé de toute action.
Tenez un journal de bord détaillé : Notez les dates, heures, lieux, les faits précis (qui a dit ou fait quoi), les propos tenus, les témoins éventuels, et les conséquences sur votre santé ou votre travail.
Conservez tous les écrits : E-mails, SMS, courriers, évaluations, notes de service qui pourraient prouver les pressions, l'isolement, les changements abusifs de service ou d'horaires, les propositions de départ forcées.
Certificats médicaux : Les certificats de votre médecin traitant et de votre psychiatre attestant de l'impact de cette situation sur votre santé sont des preuves très importantes.
Témoignages : Si des collègues sont prêts à témoigner, c'est un atout majeur.
Alertez formellement la direction : Envoyez un courrier recommandé avec accusé de réception (LRAR) à votre employeur (direction ou service RH) dénonçant précisément les faits de harcèlement moral. L'employeur a l'obligation légale de réagir.
Contactez les représentants du personnel (CSE) : S'il y a un Comité Social et Économique (CSE) dans votre entreprise, informez ses membres. Ils ont pour mission de veiller à la santé et la sécurité des salariés et peuvent alerter la direction ou mener une enquête.
Saisissez l'Inspection du Travail (DREETS) : Vous pouvez signaler votre situation à l'Inspection du Travail de votre département. Ils ont un pouvoir d'enquête et peuvent constater les infractions. Vous pouvez demander à ce que votre identité reste confidentielle.
4. La saisine du Conseil de Prud'hommes
Si aucune solution amiable n'est trouvée et que votre situation persiste, vous pourrez envisager une action en justice.
Prise d'acte de la rupture du contrat : Si vous estimez que les manquements graves de l'employeur (notamment le harcèlement) rendent impossible la poursuite de votre contrat, vous pouvez prendre acte de la rupture de votre contrat de travail. C'est une démarche risquée car c'est le juge qui décidera si les manquements de l'employeur sont suffisants pour que la prise d'acte produise les effets d'un licenciement sans cause réelle et sérieuse. Si ce n'est pas le cas, cela sera considéré comme une démission.
Demande de résiliation judiciaire du contrat : Vous pouvez demander au Conseil de Prud'hommes de prononcer la résiliation de votre contrat aux torts de l'employeur. Si le juge accède à votre demande, la rupture aura les effets d'un licenciement sans cause réelle et sérieuse, avec les droits afférents (indemnités, chômage).
Ces démarches judiciaires sont complexes et nécessitent impérativement l'assistance d'un avocat spécialisé en droit du travail.
Que faire maintenant ?
Priorité à votre santé : Continuez votre suivi médical et psychiatrique. Ces avis sont cruciaux.
Contactez le médecin du travail : Insistez pour une visite et discutez de la possibilité d'une inaptitude.
Rassemblez toutes les preuves : Commencez à consigner tous les faits de harcèlement ou de pression.
Consultez un avocat en droit du travail : Dès que possible. Beaucoup proposent une première consultation gratuite ou peuvent vous renseigner sur l'aide juridictionnelle si vos ressources sont limitées. Un avocat pourra analyser votre situation, évaluer la force de vos preuves et vous guider sur la meilleure stratégie à adopter pour préserver vos droits et votre santé.
Vous n'êtes pas seul. Il existe des dispositifs pour vous aider à sortir de cette situation. Ne démissionnez pas sous la pression, vous avez d'autres voies.
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il y a 1 jour
Bonjour,
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il y a 6 heures
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