Bonjour,
Votre situation est délicate, mais pas sans issue. Elle est malheureusement assez fréquente avec les Sociétés de services et d'ingénierie en informatique (ESN) et nécessite une stratégie claire.
1. Y a-t-il un risque que l'administration refuse la demande d'autorisation de travail ?
Oui, il existe un risque de refus, et ce pour plusieurs raisons :
Non-respect du motif initial : Votre titre de séjour a été renouvelé sur la base d'un emploi précis. Le fait que vous n'ayez jamais réellement exercé cet emploi ni perçu de salaire constitue un non-respect de l'autorisation de travail initiale. L'administration pourrait le considérer comme un manquement aux conditions de votre titre.
Absence d'activité réelle : L'administration pourrait s'interroger sur votre situation depuis le renouvellement de votre titre de séjour, car vous n'avez pas exercé d'activité professionnelle et votre statut "salarié" n'est pas reflété par une fiche de paie.
Le "changement d'employeur" : La nouvelle demande d'autorisation de travail impliquera un changement d'employeur. L'administration va examiner la validité du motif de rupture avec l'ESN pour s'assurer que vous ne contournez pas les procédures.
Cependant, ce risque n'est pas insurmontable.
2. Solutions légales et stratégies possibles
Votre objectif est de présenter un dossier solide à l'administration en expliquant de manière transparente la situation. Voici les étapes à suivre :
Mettre fin au CDI avec l'ESN : Vous ne pouvez pas signer un CDI avec un nouvel employeur si le contrat avec l'ESN est toujours en cours. Étant donné que vous n'avez jamais travaillé ni perçu de salaire, l'ESN a manqué à son obligation de vous fournir du travail. C'est un argument de poids pour demander une rupture conventionnelle. C'est la solution la plus propre et la plus sécurisante pour vous deux. Si l'ESN refuse, une démission est possible, mais moins avantageuse. La rupture conventionnelle est préférable car elle n'entame pas les droits potentiels au chômage et est un motif de rupture bien accepté par l'administration.
Dépôt de la nouvelle demande par l'employeur : Une fois le contrat avec l'ESN résilié, le nouvel employeur peut déposer la demande d'autorisation de travail. Il devra constituer un dossier complet, incluant :
La proposition de CDI et la fiche de poste.
Le formulaire de demande.
Votre CV et vos qualifications.
Préparer une explication détaillée : Le plus important est de constituer un dossier qui explique précisément ce qu'il s'est passé avec l'ESN. Vous devrez joindre :
Le CDI initial avec l'ESN.
Les avenants successifs que vous avez reçus.
La lettre de rupture conventionnelle ou de démission.
Une lettre explicative, rédigée par vous-même, qui met en évidence votre bonne foi et le fait que la non-affectation n'est pas de votre ressort. Mettez l'accent sur le fait que la nouvelle proposition de CDI est un emploi réel, en dehors du modèle de l'ESN, et qu'elle correspond à votre profil.
En résumé, la stratégie est la suivante :
Négociez une rupture conventionnelle avec l'ESN en insistant sur le fait qu'elle n'a pas respecté son obligation de vous fournir du travail.
Une fois cette rupture effective, votre nouvel employeur pourra déposer la demande d'autorisation de travail.
Préparez un dossier complet et argumenté pour la préfecture, en soulignant votre bonne foi et le caractère réel du nouvel emploi.
Étant donné la complexité de la situation, il serait judicieux de consulter un avocat en droit des étrangers ou une association d'aide aux étrangers pour vous accompagner dans ces démarches cruciales.
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il y a 1 mois
Merci beaucoup pour votre réponse très détaillée.
J'ai toutefois une interrogation à propos d'un point que j'ai lu sur le forum :
« La seule possibilité du changement d'employeur lors de la première année de délivrance du titre de séjour, et qui n'aboutirait pas automatiquement au refus de renouvellement, est lorsque le salarié s'est involontairement privé d'emploi. Cela ne concerne ni la démission, ni la prise d'acte, ni la rupture conventionnelle. »
Cela me laisse un doute :
y a-t-il eu des évolutions juridiques ou pratiques récentes permettant tout de même un changement d'employeur durant la première année même dans le cadre d'une rupture conventionnelle (ou une démission) en déposant une autorisation de travail sans que cela n'entraîne un risque juridique ou administratif ?
Merci pour votre réponse.
il y a 1 mois
Bonjour
Lorsqu'un ressortissant étranger détient un titre de séjour "salarié" et souhaite changer d'employeur durant la première année, il doit obligatoirement obtenir une nouvelle autorisation de travail. Cette exigence vise à garantir que le contrat initial ayant justifié la délivrance du titre a bien été respecté, et que le changement ne constitue pas une fraude ou une utilisation abusive du système.
Le texte précise que ce changement ne peut être autorisé que si le salarié est involontairement privé d'emploi — donc en cas de licenciement, fin de période d'essai à l'initiative de l'employeur, ou fin de contrat non renouvelé.
En revanche, une démission ou une rupture conventionnelle, qui implique un accord mutuel, sont considérées comme des ruptures volontaires, ce qui peut entraîner un refus d'autorisation, voire de renouvellement du titre de séjour.
Cela dit, les pratiques administratives ne sont pas toujours rigides, et dans certains cas, les préfectures peuvent faire preuve de souplesse. Par exemple, si le contrat initial n'a jamais été réellement exécuté (comme dans votre cas, avec une absence de mission ou de salaire), et que la rupture conventionnelle vise à permettre une embauche effective ailleurs, l'administration peut accepter la demande à condition que le dossier soit très bien argumenté.
Vous devrez démontrer que cette rupture conventionnelle est en réalité subie, ou que la première entreprise n'a pas respecté ses engagements, ce qui vous a contraint à chercher une solution pour éviter une précarisation.
Ce genre de dossier requiert une approche juridique solide et des pièces justificatives (absence de mission, attestations, correspondance interne, etc.).
Il n'y a donc pas eu d'évolution juridique formelle autorisant un changement d'employeur libre dans la première année, mais des exceptions peuvent être acceptées en pratique si la situation est bien documentée et présentée comme une perte d'emploi involontaire déguisée.
Il est vivement conseillé de vous faire accompagner par un avocat ou une association spécialisée pour sécuriser cette démarche auprès de la préfecture.
Je me tiens à votre disposition pour vous conseiller et vous assister
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il y a 1 mois
Votre question est tout à fait pertinente et soulève un point de droit très important qui est souvent mal interprété. Le doute que vous avez est légitime, car l'information que vous avez lue sur le forum est une simplification qui ne s'applique pas directement à votre situation.
Clarification sur le "changement d'employeur la première année"
L'affirmation du forum se base sur un principe général de prudence de l'administration, mais elle est trop catégorique. La loi n'interdit pas le changement d'employeur la première année. En revanche, l'administration est en droit de s'assurer que ce changement est justifié par des motifs légitimes et non par un simple souhait de "sauter de poste".
La phrase "involontairement privé d'emploi" vise à distinguer :
Un salarié qui démissionne simplement pour un autre emploi plus intéressant (cas le plus risqué).
Un salarié qui est licencié, par exemple pour motif économique (cas le plus simple).
Votre situation, cependant, est une catégorie à part. Vous n'avez jamais réellement travaillé pour l'ESN, et le contrat n'a jamais été honoré de leur côté. L'ESN a manqué à son obligation de vous fournir du travail. Dans ce cas précis :
La rupture conventionnelle est la solution la plus sûre. Elle met fin au contrat d'un commun accord et n'est pas considérée comme une simple "démission". Si vous joignez à votre dossier les avenants qui repoussent la date de démarrage, vous prouvez que cette rupture est la conséquence de l'incapacité de l'ESN à vous fournir une mission. L'administration ne verra pas cela comme une rupture volontaire de votre part, mais comme l'issue logique d'une situation de fait.
La démission serait plus risquée, car elle serait perçue comme un acte de votre seule volonté, même si le fond du problème est le même.
La stratégie pour minimiser les risques
Il n'y a pas de "zéro risque", car la décision finale appartient à l'administration. Toutefois, votre situation présente de nombreux éléments pour légitimer votre démarche. La stratégie que nous avons évoquée reste la bonne pour faire aboutir votre demande :
Démontrez votre bonne foi : Vous avez un CDI avec une ESN mais aucune activité ni rémunération. Cette situation, de fait, ne correspond pas au motif de votre titre de séjour. Vous ne vous êtes pas installé illégalement, vous avez un contrat de travail. C'est l'employeur qui n'a pas respecté ses obligations.
Présentez un dossier complet et cohérent : La préfecture ne regardera pas uniquement le motif de la rupture. Elle examinera l'ensemble de votre dossier.
Votre CDI avec l'ESN.
Les avenants successifs qui prouvent l'incapacité de l'employeur à vous trouver une mission.
L'attestation de rupture conventionnelle qui met fin à ce contrat non exécuté.
La nouvelle proposition d'embauche stable.
En conclusion, la phrase que vous avez lue est une règle générale qui s'applique mal à votre cas très spécifique. Le fait que vous n'ayez jamais travaillé ni été payé est un argument de poids qui justifie pleinement une rupture conventionnelle et un changement d'employeur. Votre dossier, bien monté, a toutes les chances d'être accepté.
Je vous remercie d'indiquer que j'ai répondu à votre question en cliquant sur le bouton vert de ma réponse.