Bonjour Madame,
Je comprends parfaitement votre détresse et votre indignation face à la situation que vit votre fille. Les faits que vous décrivez sont extrêmement graves et s'apparentent fortement à du harcèlement moral, avec des conséquences directes sur la santé et le parcours professionnel de votre fille.
Il est crucial d'agir rapidement et de manière structurée.
1. Contester l'inaptitude temporaire prononcée par le médecin du travail
La décision d'inaptitude du médecin du travail n'est pas irrévocable et peut être contestée.
Procédure de contestation : Votre fille (ou vous, si elle vous donne un mandat clair et qu'elle est d'accord) peut contester l'avis du médecin du travail devant le Conseil des Prud'hommes (section activités diverses, voire référé en urgence) dans un délai de 15 jours à compter de la notification de l'avis d'inaptitude.
Le Conseil des Prud'hommes peut demander un nouvel examen par un autre médecin du travail désigné par la DIRECCTE (Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités).
Il est essentiel d'expliquer au juge les circonstances ayant mené à cette inaptitude, notamment le harcèlement subi et l'impression d'une collusion.
Arguments pour la contestation :
Violation du principe du contradictoire : L'avis semble avoir été rendu sans explications claires et sans que votre fille ait pu défendre sa position ou ses motivations à reprendre le temps plein.
Soupçon de collusion : Le sentiment que le médecin du travail agit comme un "pion" de la hiérarchie est un argument fort à mettre en avant. Cela remet en cause l'impartialité de la décision.
Harcèlement moral : L'inaptitude pourrait être une conséquence directe du harcèlement et une tentative de l'évincer, ce qui invaliderait le fondement même de l'inaptitude.
2. Porter plainte pour harcèlement moral
Les faits que vous décrivez remplissent plusieurs critères du harcèlement moral, tant au niveau pénal qu'au niveau du droit du travail.
Définition légale : Le harcèlement moral se caractérise par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits de la personne et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel. Les propos dévalorisants répétés, l'absence d'encadrement, et la pression pour un arrêt de travail suivie d'une inaptitude non justifiée peuvent en être des illustrations parfaites.
Deux voies possibles :
Voie pénale (plainte) :
Vous pouvez déposer une plainte pour harcèlement moral auprès du Procureur de la République (au Tribunal Judiciaire) ou directement auprès du commissariat de police ou de la gendarmerie.
La preuve du harcèlement peut être difficile à établir. Il faut rassembler toutes les preuves possibles :
Écrits (e-mails, SMS, courriers, témoignages de votre fille sur les propos).
Témoignages (collègues, infirmières, autres internes, patients si possible) qui ont pu entendre ou observer les agissements.
Certificats médicaux attestant de l'impact sur la santé de votre fille (dépression, anxiété, souffrance psychologique).
Le compte rendu de l'avis d'inaptitude du médecin du travail et les échanges avec celui-ci.
Preuves de l'absence d'encadrement (ex: planning où elle est seule, ou absence de supervision alors que nécessaire pour une interne).
Voie prud'homale (action civile) :
Votre fille peut saisir le Conseil des Prud'hommes pour faire reconnaître le harcèlement moral et demander des dommages et intérêts pour le préjudice subi (atteinte à la santé, au parcours professionnel, etc.).
La charge de la preuve est aménagée pour le harcèlement moral : votre fille doit présenter des faits qui permettent de présumer l'existence d'un harcèlement. C'est ensuite à l'employeur (l'hôpital) de prouver que ces agissements ne sont pas constitutifs de harcèlement et qu'ils sont justifiés par des éléments objectifs étrangers à tout harcèlement.
3. Les étapes à suivre et les acteurs clés
Consulter un avocat spécialisé en droit du travail (et/ou droit public si c'est un hôpital public) : C'est la première et la plus importante des démarches. Un avocat pourra analyser le dossier de votre fille, l'aider à constituer les preuves et la représenter devant les différentes instances. Le délai de 15 jours pour contester l'inaptitude est très court.
Contactez les syndicats de l'hôpital ou des internes : Ils peuvent offrir un soutien, des conseils, et parfois même des témoignages si d'autres internes ont vécu des situations similaires.
Contactez le service de santé au travail de l'hôpital : Demandez le dossier médical de votre fille et les motivations précises de l'inaptitude.
Conservez TOUT : Tous les courriers, e-mails, SMS, certificats médicaux, témoignages, compte-rendu d'entretiens. Chaque document peut être une preuve.
Vos chances de succès
Les éléments que vous décrivez sont très sérieux et plaident en faveur de votre fille. Les menaces explicites ("on va te bloquer", "il y aura des retours"), l'isolement professionnel, la dégradation de sa santé suivie d'un avis d'inaptitude suspect, constituent un faisceau d'indices très forts de harcèlement moral.
La volonté de "piquer le poste" est une motivation de harcèlement souvent reconnue par les tribunaux.
Oui, vous pouvez contester l'inaptitude temporaire et porter plainte pour harcèlement moral. Les chances sont réelles, mais la procédure est exigeante et nécessite un accompagnement juridique solide.
Votre rôle en tant que mère est de la soutenir et de l'aider à entreprendre ces démarches. Ne baissez pas les bras.
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il y a 2 semaines
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