Chère madame,
Je comprends parfaitement votre situation et la contrainte de temps que représente le départ définitif de votre conjoint le 15 août. C'est une situation délicate, mais je vais vous apporter des réponses claires basées sur le droit français du
Divorce par consentement mutuel.
Votre cabinet d'avocats vous a donné des informations correctes et très importantes sur la procédure.
1. Délai de 15 jours : Existe-t-il une dérogation ou un moyen légal d’écourter ou d’anticiper ce délai ?
Non, absolument pas.
Le délai de rétractation (ou de réflexion) de 15 jours est un délai légal, d'ordre public, incompressible et de rigueur (Article 229-4 du Code civil).
Il débute à compter de la réception du projet de convention de divorce par chacun des époux, une fois que ce projet est finalisé et qu'il inclut tous les accords (sur les enfants, les biens, la prestation compensatoire éventuelle, etc.).
Ce délai a pour but de garantir que le consentement des époux est libre et éclairé, sans aucune pression. Les époux doivent pouvoir relire la convention, y réfléchir posément, et s'assurer qu'ils sont toujours d'accord sur toutes les modalités.
La signature de la convention ne peut intervenir qu'à l'issue de ce délai de 15 jours.
Il n'existe aucune dérogation possible à ce délai. Tenter de le contourner invaliderait la procédure et le divorce serait nul.
2. Si mon conjoint part avant la signature, peut-il donner procuration notariée à son avocat ou à un tiers pour signer à sa place ?
Non, absolument pas.
C'est un point très clair et essentiel de la loi : les époux ne peuvent pas donner mandat (procuration) à quelqu'un, y compris à leur avocat, pour signer la convention de divorce par consentement mutuel à leur place (Article 229-1 du Code civil).
La loi exige la présence physique et simultanée des deux époux et de leurs deux avocats lors de la signature de la convention. Cette exigence vise à garantir le caractère personnel du consentement donné par les époux et à prévenir toute contrainte ou vice de consentement.
3. Faut-il envisager une signature dans un consulat français à l’étranger (avec la présence des deux avocats) ou une autre solution pratique ?
Ceci n'est pas une solution viable.
Un consulat français peut authentifier des signatures, mais il ne peut pas accueillir la signature d'une convention de divorce par consentement mutuel amiable au sens de la loi française. La loi exige la présence des avocats, qui sont des professionnels du droit français exerçant sur le territoire français.
Il est impossible pour les deux avocats de se déplacer dans un consulat à l'étranger pour cette signature, car leurs offices et leur compétence territoriale sont en France métropolitaine ou d'outre-mer.
Ce que cela signifie pour vous et votre conjoint :
Compte tenu de ces contraintes légales strictes :
Le délai de 15 jours est incompresssible.
La présence physique de votre conjoint (et la vôtre, et celles des deux avocats) est obligatoire au même moment et au même lieu pour la signature.
Aucune procuration ni signature à distance n'est autorisée.
Si votre conjoint quitte définitivement la France le 15 août, la seule solution pour que ce divorce par consentement mutuel puisse se faire avant son départ est que :
La convention finale soit rédigée et envoyée à chacun d'entre vous au plus tard le 31 juillet. (pour que le délai de 15 jours s'achève le 14 août au soir).
La signature physique ait lieu au plus tard le 14 août.
Si cette timeline est impossible à tenir, vous avez deux options :
Option 1 : Votre conjoint décale son départ. C'est la solution la plus simple si vous souhaitez absolument un divorce par consentement mutuel sans juge. Il devrait rester en France jusqu'à ce que la signature soit possible.
Option 2 : Envisager une autre forme de divorce (si le départ ne peut être décalé).
Divorce pour acceptation du principe de la rupture du mariage (ex-divorce accepté) : Cela se ferait devant le Juge aux Affaires Familiales. Dans ce cas, les époux sont d'accord sur le principe du divorce, mais pas forcément sur toutes ses conséquences. Le juge homologuera les points d'accord et tranchera les désaccords. L'avantage est que votre conjoint n'aurait pas à être physiquement présent pour toutes les étapes, mais cela peut être plus long et plus coûteux, et le recours à un avocat reste obligatoire.
Divorce pour altération définitive du lien conjugal : Si vous vivez séparés depuis plus d'un an, un seul époux peut le demander. Votre conjoint pourrait alors être représenté par son avocat. Mais c'est une procédure contentieuse, plus longue et potentiellement plus tendue.
Le divorce par consentement mutuel sans juge est la voie la plus rapide et la moins coûteuse quand les époux sont d'accord sur tout. Cependant, elle est soumise à des règles de formalisme très strictes, notamment la présence physique et le respect du délai de réflexion.
Discutez-en très clairement avec votre avocat pour évaluer la faisabilité du calendrier et les alternatives si le départ de votre conjoint est non négociable.
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