Chère madame,
C'est une situation très difficile à vivre et je comprends votre souhait de trouver des preuves pour vous défendre. Le harcèlement au travail est une faute grave qui ne doit pas être tolérée.
Concernant l'enregistrement vocal de votre collègue à son insu, la loi française est très claire et malheureusement, cela pourrait vous mettre en difficulté.
La légalité des enregistrements à l'insu de la personne
En France, le principe est le suivant :
Enregistrement vocal d'une conversation privée : Il est illégal d'enregistrer une conversation privée à l'insu de la personne concernée si vous n'êtes pas l'auteur de l'enregistrement et si cet enregistrement est fait dans un lieu privé. De même, si vous participez à la conversation, il est interdit d'enregistrer une personne à son insu et d'utiliser cet enregistrement comme preuve devant un tribunal, sauf en matière pénale sous certaines conditions très strictes et avec l'autorisation préalable d'un juge.
En matière civile (prud'hommes, harcèlement) : Un enregistrement obtenu à l'insu de la personne est considéré comme une preuve déloyale. Les juges civils (y compris le Conseil de Prud'hommes pour les affaires de harcèlement au travail) refusent de prendre en compte ces preuves. L'employeur, par exemple, ne peut pas utiliser un tel enregistrement pour sanctionner un salarié, et un salarié ne peut pas l'utiliser pour prouver un harcèlement.
Risque pour vous : Non seulement l'enregistrement serait irrecevable devant les prud'hommes, mais son obtention et son utilisation pourraient se retourner contre vous. L'article 226-1 du Code pénal sanctionne le fait d'enregistrer les paroles d'une personne à son insu, sans son consentement, de 1 an d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende. Votre employeur pourrait également prendre des sanctions disciplinaires contre vous si ces faits sont prouvés.
Que faire face au harcèlement ?
Même si l'enregistrement à l'insu n'est pas une solution, il existe d'autres moyens légaux et efficaces de prouver le harcèlement et de vous défendre :
Recueillir des preuves écrites et matérielles :
Emails, SMS, messages sur des plateformes de communication internes (Slack, Teams, etc.) : Conservez tout ce qui est écrit, même indirectement.
Témoignages : Demandez à vos collègues qui sont conscients de la situation de rédiger des attestations sur l'honneur. C'est une preuve très solide. Elles doivent être rédigées sur un formulaire Cerfa spécifique (n°11527*03), dater des faits précis et être accompagnées de la pièce d'identité du témoin.
Écrits : Notes, compte-rendus de réunion, rapports d'incidents qui décrivent les situations de harcèlement ou les mensonges diffusés.
Certificats médicaux : Si le harcèlement a un impact sur votre santé (stress, anxiété, sommeil), consultez votre médecin traitant, un médecin du travail ou un psychologue. Leurs rapports ou certificats attestant de votre état de santé lié aux conditions de travail sont des preuves importantes.
Alerter votre hiérarchie :
Informez votre supérieur hiérarchique direct de la situation, si possible par écrit (mail traçable) en décrivant les faits précis (dates, lieux, propos tenus, personnes présentes).
Si votre supérieur est impliqué ou ne réagit pas, alertez la direction des ressources humaines (DRH), la direction générale, ou les représentants du personnel (syndicats, CSE - Comité Social et Économique).
Il est crucial que l'employeur soit informé car il a une obligation légale de protéger la santé physique et mentale de ses salariés.
Contacter les acteurs internes et externes :
Médecin du travail : Le médecin du travail est tenu au secret professionnel et peut vous aider en constatant l'impact du harcèlement sur votre santé et en alertant l'employeur sur la nécessité d'agir.
Inspection du travail : Vous pouvez saisir l'inspection du travail. Elle a un rôle de conseil et de contrôle du respect du Code du travail.
Avocat spécialisé en droit du travail : C'est une étape essentielle. Un avocat pourra vous conseiller sur la meilleure stratégie à adopter, vous aider à constituer votre dossier de preuves et vous représenter si une action en justice (devant le Conseil de Prud'hommes) devient nécessaire.
En résumé, ne tentez pas d'enregistrer votre collègue à son insu. Concentrez-vous sur les moyens de preuve légaux mentionnés ci-dessus et n'hésitez pas à solliciter de l'aide auprès des professionnels du droit et de la santé au travail.
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il y a 3 jours
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